TSA - 17.05.2011
par Riyad Hamadi
Un rat d’égout se promenant tranquillement dans la rue Didouche Mourad dans le centre d’Alger en plein jour. Il y a quelques jours, la scène a attiré quelques passants. D’autres ne semblaient pas choqués par la présence de ce rongeur dans cette rue bordée de magasins aux vitres modernes et de banques. En fait, beaucoup d’Algérois sont habitués à voir des rats sortir de leurs égouts pour se faufiler entre les passants. Des scènes banales dans une ville qui bénéficie pourtant d'un budget colossal de plusieurs milliards de dinars par an.
A l’approche de l’été, les moustiques prolifèrent dans les cités. Impossible d’ouvrir les fenêtres à la nuit tombée. Les Algériens se ruent sur les produits anti‑moustiques. Les opérations de démoustication se font attendre et ces insectes prolifèrent tranquillement durant cette saison de pluies et de chaleur. « Sans les produits anti‑moustiques, impossible dormir tranquillement. En plus, les moustiques sont devenus résistants aux pastilles », déplore un habitant d’Alger plage. « A l’époque du terrorisme, durant les années 1990, on préférait sortir et risquer [de recevoir] des balles que de rester enfermés à l’intérieur de nos appartements et affronter des moustiques gros comme des mouches », ajoute un autre habitant du quartier Haraga, à l’est de la capitale.
D’habitude, les autorités lancent des opérations générales de dératisation et de démoustication dans tous les quartiers de la ville. Depuis quelques temps, seuls certains quartiers, comme ceux où habitent des personnalités, sont traités à l’approche de l’été. « A Alger, il y a beaucoup de vides sanitaires fortement pollués où les moustiques pondent leurs œufs », explique Athaman Layouche, ancien élu FLN à l’APW. « Ni Hurbal, ni Netcom ne sont capables d’assurer le nettoyage de la ville. Ce sont des entreprises budgétivores, mais les résultats sont très maigres », affirme‑t‑il.
Cette situation risque de dégénérer en un vrai problème de santé publique. « Certaines piqûres de moustiques et les morsures de rats provoquent des dégâts sur la santé, notamment des enfants », ajoute M. Layouche qui déplore l’opacité caractérisant la gestion des entreprises de wilaya comme Hurbal et Netcom. « La wilaya d’Alger n’est pas gérée. Il n’y a aucun plan durable et de vision future de la ville », explique‑t‑il. Parmi les projets destinés à améliorer la qualité de vie dans la capitale figurent l’assainissement de l’oued El Harrach fortement pollué et d’autres petits oueds comme celui traversant Haraga. Ces projets n’avancent pas.
Les habitants de la capitale ont aussi leur part de responsabilité en jetant souvent leurs ordures devant les immeubles. Résultat : les ordures ménagères jonchent les trottoirs. La capitale algérienne est sale. Mais exceptés quelques quartiers huppés comme Hydra et Staoueli où vit la nomenklatura du régime, les habitants des autres quartiers sont livrés à eux‑mêmes. Pourtant, le budget de la wilaya d’Alger a presque doublé entre 2006 et 2011, passant de 13 milliards de dinars à 24 milliards de dinars par an. Sans compter l’argent accordé à la capitale dans le cadre des plans spéciaux et des plans quinquennaux de développement lancés depuis 2001.