Le problème récurrent du logement est à l'origine, une nouvelle fois, d'émeutes qui ont ébranlé un quartier d'Alger, plus exactement Bab-el-Oued, dans la nuit du mardi au mercredi. Dix personnes ont été blessées et quatre autres arrêtées, au terme d'échauffourées qui ont mis aux prises forces de l'ordre et manifestants durant de longues heures.
Les habitants des bidonvilles voisins, Carrière Jobert et Fontaine frâiche, s'en sont pris aux véhicules, aux magasins qu'ils ont saccagés en faisant usage de pierres, de couteaux et de barres de fer. Et pour cause, leurs noms sur la liste des bénéficiaires des nouveaux logements en instance d'attribution ne semblaient pas y figurer, en dépit des promesses qui leur avaient été tenues auparavant.
Ils ont également barré la route au niveau du carrefour de Triolet, bloquant ainsi la circulation durant de longues heures.
Selon la presse, les émeutiers, dont les familles se trouvaient parquées à l'esplanade du stade du 5 juillet, en attendant leur relogement, ont en même temps perdu leurs baraques, désormais démolies dans le cadre de l'opération dite d'éradication des bidonvilles de la capitale.
Certes, précise-t-on, quelques familles ont bien été relogées dans les nouvelles cités de Bentalha, Baraki et les Eucalyptus, mais les autres doivent se contenter d'attendre.
Le problème, en vérité, des bidonvilles ne sera jamais résolu en Algérie, tant que les autorités ne prennent pas vraiment la décision d'en saisir en profondeur les tenants et aboutissants.
C'est un cercle vicieux en effet. Découvrant là un moyen simple de s'enrichir, les gens relogés laissent toujours un membre de leur famille continuer d'occuper la baraque qui fut la leur, dans le but de demander et d'obtenir un autre logement, et ainsi multiplier à l'infini leur patrimoine(*). Et, dans de nombreux cas qui favorisent par ailleurs le gain facile, l'oisiveté, la fainéantise, il a même été constaté que ces heureux bénéficiaires de logements neufs les ont en réalité quittés aussitôt pour les louer au prix fort et réoccuper leurs anciennes baraques, sinon construire d'autres à proximité. Faute d'un recensement sérieusement mené et suivi, de lois répressives et donc dissuasives, les bidonvilles continueront donc d'exister aussi longtemps que les pouvoirs publics montreront autant de laxisme et de manque de volonté à les éradiquer définitivement.
(*) Loin d'être une boutade, le stationnement devant des baraques d'un autre âge de véhicules flambant neuf est une réalité que les Algériens connaissent tous du nord au sud et d'est en ouest.
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