Tandis que le peuple russe nourrissait l'espoir de voir Poutine prendre enfin des mesures draconiennes ayant pour effet de réprimer plus sévèrement encore l'usage inconsidéré de l'alcool, le ministre des Finances vient lui annoncer l'inverse.
"Pour que les gens comprennent: celui qui boit de la vodka et celui qui fume aident plus l'Etat. Si tu fumes un paquet de cigarettes, alors tu as donné des fonds pour résoudre les problèmes sociaux comme le soutien à la politique démographique, le développement de services sociaux, le soutien à la natalité", a demandé Alexeï Koudrine, ce ministre, selon l'agence Interfax reprise par la chaîne TF1.
Faisant fi des 500 000 morts annuels que génère la consommation particulièrement excessive de vodka, la spécialité locale, sans compter, bien sûr, les catastrophes inhérentes à la prise de tabac qui sont très sérieusement appréhendées partout ailleurs dans le monde, le gouvernement de Poutine ne semble donc intéressé que par le besoin de renflouer au plus vite les caisses de l'État très certainement vidées par suite de la canicule du mois dernier.
Aussi l'appel du ministre sonne-t-il d'autant plus faux que la Russie se classe bien derrière certains pays sous-développés en matière d'espérance d'âge. Elle ne dépasse guère les 60 ans selon l'OMS.
L'invite du ministre, qui cadre mal aussi avec l'interdiction prise désormais de vendre de l'alcool entre 22 h et 10 h à Moscou, ne peut avoir d'explication cohérente que si elle masque une réalité beaucoup plus préoccupante, celle de l'écroulement de l'économie nationale. Il est vrai qu'elle profite davantage aujourd'hui à la frange des plus riches (une dernière statistique donnait ces derniers jours l'existence de 80 milliardaires de la seconde génération dans le pays) qu'à l'immense majorité des deux cent trente millions de Russes.