L'ex magnat pétrolier Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné en 2003, n'a pas fini de purger sa peine de 8 années de prison récoltée pour fraudes et évasions fiscales qu'il se retrouve de nouveau, depuis mars 2009, devant le prétoire pour répondre, avec son ancien associé, Platon Lebedev, du vol de 218 tonnes de pétrole brut, selon l'accusation.
Ce chiffre, apparemment très élevé et représentant beaucoup plus que la consommation annuelle de la France, n'indique pas cependant - à travers les comptes rendus des agences de presse -, aux dépens de qui cette quantité faramineuse de pétrole a été subtilisée. À première vue, il ne peut s'agir vraisemblablement que de royalties dues par Ioukos, l'entreprise dirigée par le principal inculpé Khodorkovski, qui aura peut-être triché en minorant ses déclarations fiscales. Mais, en aucun cas, l'on ne saurait prendre en considération la contrepartie en valeur de ce vol, trop importante pour être supportée financièrement par l'entreprise Ioukos.
Ce second procès ne semble pas, en tout cas, avoir dit son dernier mot, puisque les prévenus devront encore attendre quelques jours avant de connaître leur verdict final. L'on sait seulement que les réquisitions prononcées hier par le parquet demandaient 14 années de prison contre chacun des deux anciens dirigeants de leur compagnie pétrolière aujourd'hui défunte.
Pour les médias occidentaux qui ont suivi l'affaire depuis le début, l'arrestation de Khodorkovski puis la liquidation de Ioukos font partie d'un puzzle qui aurait été créé de toutes pièces par le pouvoir politique, et plus exactement par le président d'alors, Vladimir Poutine, qui ne supportait pas qu'un dandy de 26 ans, Khodorkovski, trône sur les destinées d'une entreprise pétrolière gigantesque brassant des milliards de dollars. Une vieille vidéo diffusée aujourd'hui même par les chaînes de télévision montrent ce milliardaire tenant tête à Poutine dans un débat politique, où celui-ci, acculé et à court d'arguments, finissait son propos comminatoire comme suit : "
Etes-vous vraiment en règle avec le fisc ?".
Le plus virulent reproche fait aussi au PDG de Ioukos était surtout d'avoir financé l'opposition au pouvoir de Poutine et d'avoir bravé ce dernier en public, en dénonçant "
la bureaucratie corrompue" et "
les cercles d'affaires qui lui sont liés".
Il semble, enfin, que le président Medvedev ne soit pas tout à fait de l'avis de Poutine sur le sujet. Pour lui, l'acquittement de Khodorkovski serait un bon signal pouvant ouvrir la voie aux investisseurs occidentaux intéressés par la Russie, et celle-ci, très en retard dans nombre de domaines, a précisément besoin de s'appuyer sur eux pour se moderniser.