Les médecins résidents menacent de recourir à une démission collective

Les médecins résidents, en grève depuis le 7 mars dernier, menacent, aujourd'hui, de démissionner collectivement, si leurs revendications ne sont pas satisfaites. "Si notre plateforme de revendications n'est pas satisfaite, nous sommes prêts à démissionner collectivement", a déclaré à l'AFP, par téléphone, le porte-parole du Collectif des médecins résidents, le Dr Marwane Sid Ali. "Nous préférons mettre notre avenir en jeu au lieu de nuire à la santé des patients", a-t-il encore indiqué, soulignant que les quelque 8.000 membres de cette corporation "croyaient en leur cause et iront jusqu'au bout". "Nous ne voulons pas arrêter le service minimum et les gardes mais nous préférons démissionner collectivement que de travailler dans de telles conditions", a-t-il ajouté, selon TSA.

Ces médecins, qui ont essayé, par une marche organisée hier, de faire entendre leur voix, se sont retrouvés bloqués et même bastonnés par les policiers antiémeutes qui leur refusaient le passage vers la présidence de la République. Une dizaine d'entre eux ont été même blessés.

Ils veulent faire rapporter la décision obligeant chaque membre de leur corporation à effectuer un service civil de 2 à 4 ans dans les profondeurs du pays, une fois la spécialisation achevée dans les hôpitaux universitaires. Ils demandent également la revalorisation de leurs rémunérations.

Le problème est en fait très ancien et remonte à la date de mise en place du service national. S'il est vrai que le corps des médecins, d'une façon générale, peut s'estimer lésé par l'obligation qui est faite notamment aux spécialistes d'exercer un temps dans les hôpitaux et autres dispensaires de l'intérieur du pays, exigence à laquelle ne sont pas tenus les autres corps de métiers de haut niveau, l'État ne trouve pas non plus son compte dans la formation de ces médecins. D'un côté, il est toujours rare de trouver des volontaires acceptant de sortir de la zone nord pour exercer en zone sud ; de l'autre, il est à tout le moins inacceptable que ces médecins, une fois formés sur le dos du contribuable, aillent vendre leurs services à des pays développés comme la France, le Canada, les USA et autres, contraignant leur propre pays à recruter des Cubains et autres étrangers pour pourvoir aux postes restés vacants hors des grandes villes du nord.

Les médecins résidents viennent d'obtenir l'appui du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) sous la forme d'une annonce conjointe d'un débrayage pour une durée illimitée à compter du 16 mai prochain.

Ces deux syndicats apportent en même temps leur soutien aux revendications des étudiants en médecine, des pharmaciens et des chirurgiens dentistes.

Ils dénoncent, ce faisant, l'attitude du ministre de la Santé qui s'est servi d'un représentant non qualifié du corps médical pour négocier en leurs lieu et place les revendications portant notamment sur la revalorisation de leurs rémunérations. "On dénonce l'attitude vicieuse du ministre de la Santé qui nous impose un représentant qu'on n'a même pas élu et qui n’est nullement représentatif de la corporation", a notamment déclaré le Dr Merabet, porte‑parole du SNPSP, avant d'ajouter qu'il compte ester en justice le ministre lui-même. « Nous avons un dossier assez conséquent » [contre lui], a-t-il affirmé.

Au terme de la réunion tenue aujourd'hui entre le SNPSP (Syndicat national des praticiens de la santé publique) et les représentants du ministère de la Santé, il a été décidé, d'après une dépêche de TSA, le maintien de la grève programmée à compter du 16 mai prochain, aucun accord n'étant intervenu entre les deux parties quant au sort des revendications exprimées par le syndicat. « Le ministère de la Santé n'a apporté aucune réponse satisfaisante concernant nos revendications. Il campe sur une position absurde qui entretient la crise », a déclaré le le Dr Lyes Merabet, porte‑parole du SNPSP. « La tutelle refuse de nous remettre tout document. Nous avons demandé le projet du régime indemnitaire pour l'évaluer. Ils nous ont simplement lancé : il va paraître prochainement dans le journal officiel et vous pourrez alors le consulter. Le projet du statut particulier n'a même pas été traité », a-t-il ajouté.

Pour Merabet, « Ils poussent les praticiens de la santé publique à sortir dans la rue et pas seulement vers la grève. Ils poussent au pourrissement ».

Poursuivant leur campagne de protestation contre le service civil obligatoire, des centaines de médecins résidents, appuyés par des étudiants en médecine, en pharmacie et en chirurgie dentaire, ont tenté en vain ce matin de pénétrer à l'hôpital Mustapha pour y faire un sit-in.

Les policiers antiémeutes occupaient en effet les lieux et leur barraient le passage, allant jusqu'à user de la force pour empêcher les manifestants d'accéder dans l'enceinte de l'hôpital. Des échauffourées se sont alors produites, et de nombreux blessés parmi les manifestants ont été signalés par les médias qui ont couvert l'événement.

Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, se fait toujours menaçant à l'endroit des praticiens qui maintiennent leur grève illimitée à compter de demain, sur l'ensemble du territoire national.

« Si les médecins poursuivent leur grève, ils seront poursuivis en justice. C'est fini maintenant. A partir de demain, il y aura retenue sur les salaires pour commencer et, par la suite, on passera à une autre étape. Ça suffit, la récréation est terminée », a-t-il déclaré à la presse, en marge d'une rencontre sur les violences faites aux femmes organisée par le réseau Wassila.

Rappelons que les porte‑parole du SNPSP et du SNPSSP, faisant fi des menaces déjà proférées la veille, par le ministre, d'ester en justice les médecins grévistes, ont réaffirmé, lors d'une conférence organisée ensemble vendredi, le maintien de la grève illimitée.

Un tel coup de force va, bien sûr, se traduire par la paralysie des hôpitaux qui va nécessairement profiter aux cliniques privées.

La grève semble avoir été bien suivie à travers le territoire national, à en croire le docteur Lyes Merabet, porte‑parole du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) qui déclare, selon TSA : « Le taux de suivi est satisfaisant – environ 80 %. Il y a une forte mobilisation malgré la batterie de mesures répressives mises en place par le ministère de la Santé ».

« Ils ont donné l'ordre d'effectuer des ponctions sur les salaires, pour empêcher les délégués syndicaux d'accéder aux établissements de santé publique et pour leur interdire de placarder des affiches ou accrocher des banderoles. Ils font même appel aux services de l'ordre pour les en dissuader », poursuit le Dr Merabet. « Les sit‑in et rassemblements sont désormais interdits même à l'intérieur des établissements. On demande donc aux médecins de sortir dans la rue », s'insurge, de son côté, le Dr Mohamed Yousfi, président du SNPSSP. Ce dernier parle même de menace de révocation. « Eh bien, s'ils sont capables de révoquer le peu de spécialistes qui exercent dans le pays et d'en ramener d'autres à coût de milliers d'euros, qu'ils le fassent. On les met au défi », lance‑t‑il.

Au cours d'une réunion tenue durant la soirée de lundi, l'intersyndicale a décidé d'organiser un rassemblement national devant le ministère de la Santé le 22 mai prochain à partir de 11 heures. Une grande marche des blouses blanches à Alger est également envisagée. Les médecins résidents en grève illimitée depuis deux mois sont actuellement en concertation et pourraient y participer.

source : TSA

Après avoir reçu des garanties du ministère de la Santé et de la population quant à la satisfaction de leurs revendications, les praticiens de la santé en grève depuis le 16 mai cessent leur débrayage à compter d'aujourd'hui, a déclaré le docteur Lyès Merabet dans un communiqué repris dans une dépêche de l'APS.

Selon ce responsable du SNPSP, le ministre "s'est porté garant pour que le statut, actuellement au niveau de la Fonction publique, puisse aboutir dans les meilleurs délais". "Les autres points encore en suspens, particulièrement celui lié au régime indemnitaire général, feront l'objet d'une réunion qui doit regrouper au courant de la semaine prochaine des représentants du SNPSP et la tutelle", aurait également assuré Ould Abbès, le ministre.

S'agissant enfin du statut en voie de révision, "le ministre a insisté sur la nécessité de faire adopter le projet avant le 30 juin 2011 pour ne pas faire perdre le bénéfice de l'effet rétroactif, à partir du 1er janvier 2008, aux milliers de praticiens spécialistes en exercice, et s'engage à le faire aboutir selon la mouture arrêtée par la commission mixte ministère-syndicat", ajoute le communiqué.