L'effondrement de Gbagbo et de ses combattants est devenu, depuis hier soir, une réalité à Abidjan, capitale économique désormais entre les mains des forces républicaines du président élu, Alassane Ouattara. Les 50 000 policiers et soldats qui soutenaient jusque-là à grands cris Gbagbo se sont volatilisés quand ils n'ont pas carrément rallié l'adversaire à la vingt-cinquième heure. Le chef d'état-major de l'armée est lui-même réfugié à l'ambassade sud-africaine, et l'on compte environ 80 % des officiers placés sous ses ordres qui ont tourné casaque au dernier moment.
Le siège de la télévision locale a été pris par les forces républicaines à la tombée de la nuit dernière, et les seuls combats encore en cours se circonscrivent depuis lors autour de la résidence du président autoproclamé et du palais présidentiel, mais l'on ignore encore le sort de Gbagbo qui se serait fondu dans la nature.
À ce jour, on dénombre, depuis l'ouverture des hostilités entre les deux présidents qui se disputent le pouvoir en côte d'Ivoire, 460 morts et des milliers de blessés parmi les civils abattus par les affidés de Gbagbo. En sus, près d'un million d'Ivoiriens se sont réfugiés pour l'essentiel au Libéria voisin, où l'ONU tente tant bien que mal d'apaiser leurs souffrances.
Abidjan, mégapole de 5 millions d'habitants, est aux prises également, depuis hier, avec des milliers de pilleurs armés, faisant partie des milices de Gbagbo, qui ont instauré une espèce de terreur infernale parmi les populations. Un Français a même été tué dans son hôtel, aujourd'hui, et les regards se tournent vers ces pilleurs. Cette situation a provoqué immédiatement la mobilisation des forces françaises de l'expédition Licorne qui se sont déployées dans les quartiers où résident en nombre des Français, pour les protéger de ces exactions. L'Onuci a de son côté pris en charge la sécurité de l'aéroport.
Selon les responsables gravitant autour du président Ouattara, les hostilités prendront fin à Abidjan au plus tard dans deux jours, du moins sitôt réduite la résistance qu'offre encore la garde rapprochée de Gbagbo sur les deux théâtres d'opérations précités.
L'Union africaine s'est enfin réveillée de sa léthargie pour demander à Gbagbo de quitter le pouvoir.