Les choses compliquent à Lisbonne, depuis la démission, annoncée hier, du gouvernement socialiste de Socratès.
Le retrait de ce dernier, conséquence directe du rejet par le Parlement du dernier plan d'austérité qui lui avait été présenté, menace le pays d'un blocage de financement à court terme.
Le taux d'intérêt réclamé sur les marchés, pour des obligations sur dix ans, a atteint un sommet inattendu, de 7,79 %, soit un peu moins de la moitié du taux négocié il y a un an. "Le marché traite déjà les obligations portugaises comme des titres pourris, il faut donc s'attendre à des dégradations supplémentaires", indique la banque ING dans sa note. Une telle appréhension est confirmée d'ailleurs par Commerzbank : "La spirale d'informations négatives concernant le Portugal se poursuit avec vigueur".
Le Portugal étant membre de l'U.E., celle-ci se dit prête, par la voix de Jean-Claude Juncker, à lui débloquer, sous conditions, une aide de l'ordre de 75 milliards d'euros, comme elle l'avait fait pour l'Irlande.
Désormais sans gouvernement, Lisbonne, qui a déjà rejeté dans le passé semblable proposition jugée inappropriée, devra donc attendre la mise en place du prochain cabinet pour prendre sa décision, sachant néanmoins que deux échéances lourdes sont imminentes : le remboursement d'une dette de 4,2 milliards € le 15 avril et d'une autre de 4,9 milliards € le 15 juin.
Deux autres soucis se profileraient encore à l'horizon, selon les experts. Les caisses seront vides avant l'échéance de juin, d'un côté, et les banques se retrouveront sans liquidités, de l'autre.
On rappelle certes que Pékin qui aurait déjà acheté en janvier dernier plus d'un milliard de dette portugaise, s'est dit prêt à apporter une nouvelle aide au Portugal. D'autres aides pourraient aussi venir des anciennes colonies, comme le Brésil et le Timor Oriental, mais Lisbonne ne peut se passer de l'aide internationale, d'où son intérêt à se saisir de l'offre européenne, soutiennent encore les spécialistes.