Le Point.fr - Publié le 19/03/2011
De notre envoyé spécial au Japon, Sébastien Falletti
L'équipe française de secouristes s'est redéployée loin du risque de radiations. Cela n'est guère du goût du Japon.
Un bras de fer diplomatique oppose Paris et Tokyo sur la localisation des sauveteurs français envoyés pour venir en aide aux victimes du tsunami. Le Japon exige le retour du détachement français sur la zone de Sendai, à 90 kilomètres de la centrale de Fukushima, a déclaré un responsable militaire français au Point.fr. Une demande refusée par la France, qui veut tenir son équipe le plus loin possible du risque de radiations en provenance de la centrale. "Cette proposition est inacceptable pour nous sur le plan radiologique", a expliqué le capitaine Bertrand Legrand, officier de liaison à l'ambassade de Tokyo.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, le gouvernement français avait ordonné aux 120 sauveteurs de quitter les lieux de leur mission aux alentours de l'aéroport de Sendai et de rejoindre la base américaine d'Isawa, à 300 kilomètres au nord. Une décision prise à la suite de l'augmentation du niveau de radioactivité dans les environs immédiats de la centrale. Néanmoins, les unités de sécurité civile de l'armée ainsi que les sapeurs-pompiers engagés n'ont jamais été exposés à des risques nocifs pour la santé, précisent les autorités françaises.
Impasse
Depuis jeudi, les sauveteurs sont bloqués sur la base américaine d'Isawa, dans la province d'Iwate, en attendant qu'une nouvelle mission leur soit attribuée. Afin de réaffirmer sa solidarité avec Tokyo, Paris a proposé que ses troupes soient assignées à la gestion logistique des matériels d'aide humanitaire arrivant sur la base d'Isawa, à plus de 380 kilomètres de la centrale de Fukushima. Mais les diplomates japonais insistent pour que les Français retournent à Sendai, où ils ont participé à la recherche de corps mercredi. "C'est la seule proposition qu'ils nous ont faite", précise Bertrand Legrand. Après deux jours d'allers et retours diplomatiques entre Paris et Tokyo, les négociations sont toujours dans l'impasse. Un échec définitif des discussions pourrait conduire à un retour prématuré des sauveteurs français au bercail. "C'est une option qui se profile", estime Bertrand Legrand.
Ce bras de fer diplomatique confirme le raidissement des relations entre Paris et Tokyo, depuis le tremblement de terre qui a frappé l'archipel, le vendredi 11 mars. Les autorités japonaises ont peu apprécié que la France, avec l'Allemagne, appelle ses ressortissants à quitter Tokyo dès dimanche dernier, quelques heures seulement après que les premiers incidents ont été détectés sur la centrale de Fukushima.