Les événements du Japon permettent aux observateurs installés sur place de relever l'incroyable calme qui caractérise les ressortissants de ce pays, particulièrement dans une circonstance aussi grave.
Dans la capitale, où tous les moyens de transport et de communication ont été suspendus immédiatement après le séisme, des millions de Tokyoïtes empêchés de rentrer chez eux à la tombée de la nuit se sont dispersés dans les gares, les bouches de métro, tous les lieux publics enfin qui leur ont été ouverts pour passer leur nuit. Ils s'y sont installés sans bruit et en ordre, tous assis sur une couverture sinon à même le sol jusqu'au petit jour.
Ce qui a surtout frappé c'est l'extraordinaire impassibilité avec laquelle ils ont vécu des heures extrêmement dramatiques, séparés le plus souvent des leurs, coincés à l'autre bout de la ville ou encore au beau milieu des contrées dévastées par le séisme et le tsunami.
Certes, la ville est située à quelques 200 ou 300 kilomètres de ces dernières, mais même la menace pesante née des pannes survenues dans les centrales nucléaires n'a en rien affecté le comportement de tous.
D'ailleurs, dès que le métro et la circulation routière ont repris progressivement leurs droits, il n'y a guère eu de panique ni de précipitation, comme aurait-on pu l'observer partout ailleurs dans le monde. Des ménagères sortent tranquillement des super marchés vidés de leurs produits alimentaires, sans même présenter les moindres signes d'embarras et moins encore de colère, quand bien même ne disposent-elles pas de quelques provisions chez elles.
Mieux, les rescapés, hommes ou femmes, recueillis par les secouristes sous des tonnes de débris ne semblent pas montrer quelque surprise de revenir à la vie sains et saufs. Ils ne s'interrogent pas même sur le sort des leurs, vivants ou disparus, comme aurait normalement réagi n'importe quel homme ou femme de la planète.
Extraordinairement disciplinés, enfin, les Nippons s'en remettent, par-dessus les autorités elles-mêmes, aux seules directives de leurs employeurs, s'ils doivent suspendre leur travail, se laisser évacuer ou enfin entreprendre une quelconque initiative impersonnelle.