Le Point.fr - Publié le 12/03/2011
Source AFP
Au Japon, une explosion et une fuite radioactive se sont produites dans une centrale nucléaire après le séisme et le tsunami meurtrier.
L'accident à la centrale de Fukushima au Japon est la preuve que le risque nucléaire n'est pas maîtrisable, a déclaré samedi à Reuters la secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts, Cécile Duflot. En France, "où le nucléaire s'est toujours imposé sans débat", la conseillère régionale réclame la sortie du nucléaire et la "transition écologique" vers d'autres sources de production d'énergie. Une explosion et une fuite radioactive se sont produites samedi à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima-Daiichi, au lendemain du très puissant séisme qui a frappé l'archipel.
Des images de télévision ont montré une violente explosion et un nuage de vapeur au-dessus de la centrale, située à 240 km au nord de Tokyo. Pour Cécile Duflot, cet accident prouve que "les légendes autour du nucléaire ne tiennent plus". "On voit bien qu'en situation de catastrophe naturelle d'ampleur, toutes les soi-disant mesures de précaution sont mises en échec au pays de la plus haute technicité", a-t-elle expliqué au cours d'un entretien téléphonique. "Cet accident signifie qu'on ne peut pas se prémunir contre l'une des failles profondes du nucléaire, c'est-à-dire le danger considérable que représente une centrale quand elle est abîmée. Le risque nucléaire n'est pas un risque réellement maîtrisable", souligne-t-elle.
Depuis des années, fait-elle valoir, les écologistes pointent le risque nucléaire en France face à une filière nucléaire et des politiques évoquant une "sécurité absolue qui n'existe pas".
L'accident japonais est possible en France
Au Japon, "le problème qui est pointé, ce n'est pas le tremblement de terre mais l'arrêt du système de secours par panne électrique qui n'est pas lié directement au risque sismique", estime Cécile Duflot. Début février, EDF a signalé à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) une anomalie dans le "circuit d'injection de sécurité" (RIS) de 34 de ses 58 réacteurs. Ce système permet, en cas de brèche dans le circuit principal, de maintenir le refroidissement du cœur du réacteur en réinjectant de l'eau dans ce circuit de secours. C'est ce qui n'a pas pu être activé au Japon et cela montre que l'accident japonais est donc possible en France, où, par exemple, la centrale du Blayais a été inondée en Gironde en 1999, insiste Cécile Duflot. "Ce à quoi j'appelle, c'est à un véritable débat sur l'énergie. On est otages du nucléaire dans notre pays. On a été endormis et même, pour certains, anesthésiés sur les dangers pour des raisons politiques", dénonce-t-elle.
Europe Écologie-Les Verts portera ces questions au cœur de la campagne présidentielle de 2012, mais il faut aller encore plus vite, estime Cécile Duflot. "Il faut qu'on organise le débat sur la sortie du nucléaire et sur la transition énergétique (...) On ne peut pas supporter les attaques récentes contre l'éolien ou le photovoltaïque il y a quelques jours dans cette situation-là", ajoute la responsable écologiste. "Le discours du lobby nucléaire, c'est 'toujours chez les autres, pas chez nous'. Ça suffit."