La marche de protestation organisée ce matin à Alger pour la troisième fois, en écho aux révoltes qui ont abouti avec succès au renversement des dictatures tunisienne et égyptienne, par les partis dits de la CNCD (Coordination nationale pour le changement et la démocratie) regroupant le RCD, le MDS et le CCDR, a encore lamentablement échoué.
Pire que les précédentes, où les syndicats indépendants et autres associations avaient participé en nombre, celle-ci n'a pu rassembler qu'une centaine de manifestants essentiellement du RCD, les Algérois s'estimant, dit-on, peu concernés et peu intéressés.
Certes, des centaines voire des milliers de policiers lourdement armés étaient cette fois encore sur les lieux pour l'empêcher par la force, conformément à l'interdit qui avait accompagné son annonce, mais il est clair que le contrôle de cette manifestation par Saïd Sadi, le leader du RCD, n'était visiblement pas un bon choix. Ce responsable, qui est lui-même vissé à son poste depuis maintenant vingt-deux ans, n'était pas, il est vrai, le meilleur exemple de démocratie à suivre, d'autant que son parti est quasiment vidé de sa substance depuis des lustres et que l'encadrement du départ a fondu dans la nature au fil des abus de pouvoir, dont celui de régner en maître absolu sur le mouvement, qui sont reprochés à Sadi.
Un autre signe de la désaffection du public pour ces manifestations tient au fait que le leader du RCD osait s'afficher dans la foule avec deux gardes du corps, fonctionnaires de police, affectés à sa sécurité aux frais du contribuable, et donc assurant sa protection même en cas de répression policière.
L'échec d'aujourd'hui devrait par conséquent donner lieu à de profondes interrogations au niveau de ce parti si tant est que ses membres comprennent le message qui leur signifié aujourd'hui.