Une des excentricités du despote
Dans une diatribe faite aujourd'hui à Tripoli, le fou libyen exhorte le peuple à se soulever pour combattre la rébellion de ceux qu'il appelle les "drogués à la solde de Ben Laden". Il lui annonce même que les armes sont à sa disposition s'il veut défendre "sa" révolution.
Loin de vouloir lâcher prise, il croit encore en son étoile et s'estime capable de redresser la situation en sa faveur, malgré pourtant les défaites successives et cinglantes subies ces derniers jours par ses troupes et ses mercenaires et la menace de plus en plus pressante qui s'exerce désormais sur la capitale.
La ville de Misrata est tombée ce matin et les forces de libération se rapprochent de plus en plus de leur objectif final, Tripoli, où le procureur général lui-même a rallié ces dernières, ainsi que les ambassadeurs libyens à l'Unesco et à Paris. Benghazi, seconde ville du pays devenue le fief de la résistance contre le dictateur, s'organise en vue de l'attaque de Tripoli; et la prière d'aujourd'hui qui a réuni une centaine de milliers de fidèles a été l'occasion de regrouper et de coordonner les forces devant l'exécuter, sous l'appui et le contrôle d'une frange de l'armée qui s'est rangée de leur côté.
Kadhafi, franchissant un nouveau degré dans sa paranoïa, s'est pris aujourd'hui pour un prophète : "
Ceux qui ne sont pas avec moi méritent la mort", a-t-il lancé à ses groupuscules de partisans du haut d'un mur derrière lequel il s'était placé pour mieux les haranguer.
Les immigrés et autres expatriés se pressent toujours par milliers aux frontières pour quitter au plus vite le pays par crainte d'être froidement abattus dans la rue ou de servir d'otages. Certes, une bonne partie d'entre eux ont réussi à s'embarquer grâce aux moyens de transport mis à leur disposition en direction de leurs pays respectifs sinon vers la Tunisie, l'Algérie ou l'Égypte voisines. D'autres, par contre, attendent leur tour, sinon espèrent que les choses se normaliseront très vite, faute de pouvoir être transportés hors de la Libye.
En attendant, dans le monde, une possible intervention militaire semble se préparer non sans difficulté, certains pays traînant les pieds ou refusant de s'associer à une entreprise pouvant être mal interprétée sinon revêtir un caractère à connotation colonialiste.
Il est question aussi d'envisager la traduction de Kadhafi et des responsables des tueries devant la Cour pénale internationale, tandis que s'accélèrent les procédures de blocages des avoirs de la famille Kadhafi en Europe.