La situation évolue rapidement vers l'épilogue du cauchemar libyen, avec l'avancée triomphante des manifestants en direction de l'ouest du pays et principalement de la capitale, Tripoli. Les villes tombent l'une après l'autre à leur passage, où un lourd tribut en vies humaines est payé chaque fois.
Certes, la résistance des troupes fidèles au tyran n'a plus sa vigueur des premiers jours mais l'usage intensif fait des armes mises entre leurs mains explique les ravages subis par les populations qui déferlent sur elles, souvent à mains nues.
Aussi, parle-t-on désormais de milliers et non plus de centaines de cadavres et de blessés qui jonchent les rues ou obstruent les hôpitaux. Partout, néanmoins, l'élan de solidarité est toujours présent pour venir au secours des victimes. Et les manifestants sont d'autant plus galvanisés par leurs succès qu'ils reçoivent désormais l'appui des corps constitués. Les chaînes de télévision étrangères ont montré de nombreux responsables libyens, civils et militaires, qui ont pris résolument fait et cause pour la révolution dans leur pays.
Aussi, la pression se trouve-t-elle tellement forte sur le despote que celui-ci n'a pas même eu le courage de se présenter à la télévision nationale pour discourir comme il l'a fait par l'entremise du téléphone aujourd'hui, au milieu de l'après-midi. Changeant d'ailleurs complètement de ton cette fois, Kadhafi s'est fait tout petit pour tenter un dernier effort vers la population qu'il a pressée de mettre fin à la révolte qu'il appelle des tout jeunes drogués. Pire, il a cru pouvoir utiliser à son tour l'épouvantail de l'islamisme radical pour adjurer le peuple de contenir les insurgés "inconscients".
Pendant ce temps, dans le monde, les condamnations des tueries qui l'accusent se poursuivent à travers tous les continents; les rapatriements d'expatriés travaillant en Libye s'organisent à une cadence effrénée et l'on évoque maintenant la possibilité d'envoyer carrément des navires de guerre pour ramener le reste des expatriés restés encore bloqués dans ce pays.
Obama, de son côté, n'aura pas été très tendre dans son discours d'hier où il a fustigé les massacres d'innocents et menacé d'en traduire en justice les commanditaires. De partout, des voix s'élèvent pour exiger la mise au ban de la société du clan Kadhafi, rendu responsable des tueries et du sang versé en Libye.
Enfin, excepté la ville de Tripoli encore contrôlée en partie par les troupes loyales, tout le reste des grandes cités semble être rallié au mouvement insurrectionnel.
C'est une question donc d'heures sinon de jours pour l'aboutissement victorieux de ce dernier.