La révolte s'étend désormais à Khartoum, la capitale du Soudan, où Omar el-Béchir détient les commandes de l'État depuis 1989. Des étudiants ont affronté les policiers en scandant : « Ocampo, ce que vous avez dit est vrai. »
Pour rappel, Moreno Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a inculpé el-Béchir pour « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour. »
Face aux policiers armés de bâtons, les manifestants, des étudiants pour la plupart, ont crié leur colère contre les dirigeants du pays qui l'ont mené à la partition. Ils ont également fustigé la gestion à l'emporte-pièce de l'État, où les prix des produits alimentaires ont flambé comme partout ailleurs dans les pays mal gérés.
Le Soudan est depuis son accession à l'indépendance en 1956 aux prises avec des coups d'État successifs initiés par des généraux avant l'instauration de la charia en 1985 et le coup d'État de 1989 qui a permis à Omar el-Béchir, soutenu par des islamistes radicaux, de s'emparer du pouvoir à ce jour.
En proie à des convulsions sociales récurrentes depuis 1995, le régime d'el-Bachir est resté incapable d'améliorer le sort des Soudanais. Pis encore, il a englouti les maigres ressources du pays dans la lutte aveugle contre ce qu'il appelait la rébellion du Sud qui revendiquait ses droits depuis des décennies et n'a fini que cette semaine par obtenir son indépendance complète à la faveur d'un référendum imposé par les Nations Unies.