Le Soudan vit à l'ère préhistorique

C'est demain qu'une journaliste soudanaise doit en principe recevoir 40 coups de fouet, pour s'être habillée de façon "indécente", selon la cour qui l'a jugée.

Loubna Ahmed al-Hussein portait, en fait de vêtement indécent, un pantalon tout simplement en entrant dans un restaurant de Khartoum.

Le journal Le Monde rapporte ainsi ses propos : "J'ai reçu un coup de téléphone des autorités disant que je devais comparaître mercredi devant le juge", a-t-elle expliqué. "Il est important que les gens sachent ce qui se passe", a-t-elle ajouté, invitant les journalistes à être présents lors de sa comparution devant la cour et sa flagellation. "Ils vont me fouetter 40 fois et m'imposer une amende de 250 livres soudanaises", soit 100 USD, a-t-elle poursuivi.

12 autres femmes portant pantalon ont été arrêtées le même jour dans un restaurant de la capitale soudanaise. Parmi elles, 10 ont été convoquées et fouettées 10 jours plus tard ; 2 autres ont été exonérées de la sanction, vu qu'elles sont de confession chrétienne, indique Le Monde.

Amal Habbani, une consoeur de Loubna qui a tenté, par un écrit au vitriol contre la police, de protester contre l'arbitraire de la mesure prise, est à son tour poursuivie et encourt une amende estimée à quelques centaines de milliers d'euros.

Un black out étonnant de la part des organisations arabes de défense des droits de l'homme constitue jusqu'ici la seule réplique faite à la prétendue justice soudanaise.

Le procès de la jeune Soudanaise n'a finalement pas eu lieu à la date prévue d'aujourd'hui. Il a été ajourné au 7 septembre prochain.

A son avantage, Loubna Ahmed al-Hussein travaille à la section "Communications" de la mission onusienne établie au Soudan, et, à ce titre, elle peut être exemptée de poursuites judiciaires, d'après son avocat.

Rappelons que cette journaliste encourt les foudres de la loi, pour avoir pénétré au restaurant en pantalon, un vêtement jugé indécent dans le pays. Elle risque d'être condamnée à recevoir 40 coups de fouet, en sus d'une amende.

Elle n'entend pas pourtant demander l'immunité au titre de ses fonctions, et met au défi les autorités soudanaises de justifier leur acte : "Si certains se réclament de la charia pour flageller les femmes en raison de ce qu'elles portent, qu'ils me montrent les sourates du Coran ou les hadith qui le stipulent. Je ne les ai pas trouvés."

Des centaines de personnes étaient venues manifester leur indignation devant le tribunal. Elles ont été éconduites par la police à coups de bombes lacrymogènes.