LEMONDE.FR avec AFP | 19.01.11 |
La visite d'État du président chinois, Hu Jintao, accueilli en grande pompe par son homologue américain, Barack Obama, a porté ses fruits pour les États-Unis. Mercredi 19 janvier, les deux pays ont conclu des contrats commerciaux d'une valeur totale de 45 milliards de dollars (33 milliards d'euros), a indiqué un responsable du gouvernement américain.
La Chine doit en particulier annoncer une commande de 200 avions au constructeur américain Boeing pour une valeur totale estimée à 19 milliards de dollars, a précisé le responsable. Les deux dirigeants, qui se voient pour la huitième fois depuis l'entrée en fonctions de M. Obama il y a deux ans, se rencontrent en tête-à-tête dans le Bureau ovale, un entretien qui doit être par la suite élargi à leurs collaborateurs.
"INTÉRÊT AU SUCCÈS DE L'AUTRE"
En marge de la rencontre, Barack Obama a espéré que la visite de son homologue jetterait les bases de trente années de coopération entre Washington et Pékin. "Nous avons un intérêt énorme au succès de l'autre. Dans un monde interconnecté, dans une économie globalisée, des pays comme les nôtres seront plus prospères et plus en sécurité quand nous travaillerons de concert", a estimé le président américain.
De son côté, a affirmé M. Hu, depuis que le président Obama a pris ses fonctions il y a deux ans, "notre coopération dans de nombreux secteurs a produit des résultats fructueux et nos relations sont parvenues à réaliser de nouveaux progrès".
M. Obama a toutefois d'emblée évoqué un sujet de contentieux entre les deux pays, celui des droits de l'homme. "L'histoire a montré que les sociétés sont plus harmonieuses, qu'elles prospèrent davantage et que le monde est plus juste quand les droits et les responsabilités de tous les pays et de tous les peuples sont respectés", a dit le président américain.
UN CONTEXTE DÉLICAT
La visite de M. Hu intervient ainsi après une année marquée par de fortes tensions entre les deux puissances. Les États-Unis mettent en particulier la Chine en cause dans les domaines des droits de l'homme et de sa politique monétaire accusée de favoriser indûment ses exportations.
Malgré tout, Pékin est devenu ces dernières années, au-delà d'être un concurrent, un partenaire économique impossible à ignorer pour les États-Unis. L'anémie de la reprise américaine contraste de façon frappante avec le dynamisme affiché par la Chine, qui aurait enregistré une croissance de pas moins de 10,3 % de son produit intérieur brut en 2010.
La visite de M. Hu s'avère donc riche en enjeux et en symboles. Mardi soir, il a déjà été accueilli à la Maison Blanche pour un repas "intime" avec M. Obama. En deux ans de présidence démocrate, seules deux visites d'État avaient jusqu'ici été organisées, en l'honneur de l'Inde fin 2009 et du Mexique au printemps 2010.
UN ACCORD SUR LE NUCLÉAIRE EN VUE
MM. Obama et Hu doivent ensuite rencontrer ensemble de grands patrons américains, parmi lesquels ceux de fleurons comme Microsoft, Goldman Sachs, Motorola, General Electric, Coca-Cola ou encore Boeing et Dow.
Selon un responsable américain, le président des États-Unis et son homologue chinois vont aussi annoncer la conclusion d'un accord sur la construction d'un centre de formation conjoint en Chine dédié à la sécurité nucléaire.
Ce nouveau centre, financé par la Chine mais bénéficiant d'une expertise technique américaine, aurait pour but de former les Chinois à la sécurité dans les installations nucléaires et, in fine, d'éviter la prolifération des matériaux fissiles, l'une des dominantes de politique étrangère du président Obama depuis sa prise de fonctions. Les États-Unis ont par ailleurs mis en avant la coopération de la Chine ces derniers mois sur deux programmes nucléaires sensibles, ceux de la Corée du Nord et de l'Iran.