Deux nouveaux otages français entre les mains de ravisseurs d'Aqmi ?

Un enlèvement de deux Français s'est produit hier soir dans le restaurant "Le Toulousain" du centre ville de Niamey, au Niger, par deux individus armés à la peau claire et de type arabe, selon des témoins.

Les deux Français ont été chargés à bord d'un véhicule 4x4 qui a disparu aussitôt dans la nuit en roulant tous phares éteints et à tombeau ouvert. Apparemment donc, le conducteur était un bon connaisseur de la ville et de ses arcanes.

Les recherches entreprises par la police locale se sont immédiatement orientées en direction du Mali, dont la frontière se trouve à moins de 200 kilomètres. Les ravisseurs ont été par suite localisés, dans la nuit, près de cette frontière par les forces de sécurité nigériennes qui ont échangé quelques coups de feu avec eux, a déclaré, aujourd'hui, le porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Dah.

Ce dernier a tenu à préciser que les poursuivants, en ouvrant le feu, n'ont pas expressément visé les passagers du véhicule, par crainte de mettre en danger la vie des otages. Il s'est fait rassurant en indiquant : "Nous avons leur position" et les ravisseurs "sont encore en territoire nigérien", sans ne rien préciser d'autre.

L'alerte est donnée, bien sûr, au Quai d'Orsay qui assure qu'aucune revendication n'a été pour l'instant communiquée.

Ces deux otages s'ajoutent aux cinq autres enlevés en septembre dernier sur le chantier d'Areva, au nord du pays et dont la France semble avoir perdu tout contact avec leurs geôliers. Étant donné le même mode opératoire utilisé dans les deux cas par les ravisseurs, tout indique que ces enlèvements crapuleux sont signés Aqmi.

Une dépêche lapidaire de l'AFP, citant des sources nigériennes, vient de tomber pour annoncer que ces deux otages ont été tués dans des circonstances non encore déterminées.

Les forces nigériennes n'étaient pas les seules à se lancer à la poursuite des ravisseurs des deux otages français enlevés à Niamey. Des éléments de la DGSE (ex SDECE) ont participé et sans doute aussi organisé de bout en bout la manœuvre ayant consisté à empêcher les terroristes d'atteindre une zone dite refuge au Mali d'où il eût été bien difficile de les déloger et surtout de garantir la vie sauve aux otages.

L'opération mise en place et rapidement coordonnée avec l'aide d'un avion de surveillance français Atlantique-2 (ATL-2), basé habituellement au Tchad et doté de moyens d'écoute et de vision de nuit, a permis d'atteindre dans un premier temps les ravisseurs à 100 km environ de Niamey. Le premier accrochage intervenu alors s'est conclu par la mise hors de combat du chef de détachement nigérien, blessé au cours des échanges de tirs. Mais, en arrivant à la zone frontière, ce sont les forces spéciales françaises qui accrochent les terroristes. Les Français s'en sortent avec deux blessés mais recensent des morts et des blessés parmi les ravisseurs, indique l'état-major français, par la voix du colonel Burkhard.

"On retrouve les corps sans vie des deux otages. Au vue des premières constatations, il est très probable qu'ils ont été exécutés par les terroristes", a ajouté le colonel Burkhard. "On est sûr que les otages n'ont pas été tués par un tir fratricide" des soldats français ou de l'armée nigérienne, renchérit une autre source militaire, selon Le Monde.

Une semblable opération menée en juillet dernier par les forces combinées franco-mauritaniennes pour libérer l'otage français Germaneau s'était également soldée par la mort de ce dernier, exécuté vraisemblablement par ses ravisseurs.

Quant aux malheureuses victimes, c'étaient deux amis originaires du nord de la France qui se préparaient à célébrer à Niamey le mariage de l'un des deux avec une Nigérienne.

On en sait aujourd'hui un peu plus quant au bilan de l'opération franco-nigérienne menée contre les ravisseurs des deux Français enlevés à Niamey le 8 janvier dernier.

D'abord, ces deux derniers ont pour nom Antoine de Léocour et Vincent Delory, âgés tous deux de 25 ans. Ils ont été retrouvés morts mais l'on ignore encore les circonstances ayant présidé à leur décès.

Ensuite, deux terroristes au moins d'Aqmi ont été capturés sains et saufs lors de l'accrochage. Ils sont aujourd'hui entre les mains des autorités qui les interrogent à Niamey, indique un responsable nigérien de la sécurité à l'AFP. Mais, selon François Sauvadet, président du groupe centriste à l'Assemblée nationale française, qui cite Fillon, le Premier ministre, c'est 4 et non pas 2 terroristes qui ont été abattus et deux autres blessés grièvement et soignés actuellement à l'hôpital de Niamey.

Enfin, excepté les deux Français des forces spéciales blessés au cours du second engagement avec les ravisseurs, trois gendarmes nigériens ont été tués et 4 militaires nigériens grièvement blessés lors des combats.

Par ailleurs, les dépouilles mortelles des otages ont été transférées vers Paris.

Les dépouilles n'ont été embarquées, à bord d'un avion d'Air France, qu'hier soir vers Paris, où elles ont été réceptionnées au petit jour à l'aéroport de Roissy, en présence du ministre de la Coopération, Henri de Raincourt.

Le ministre de la Défense, Alain Juppé, qui s'est déplacé spécialement à Niamey pour cette affaire, a déclaré que les deux victimes ont été "exécutées" par leurs ravisseurs, l'un par une balle dans la tête. Une source médicale a même ajouté à l'AFP, que les deux otages « avaient été attachés, les mains dans le dos, et ils avaient des traces noires sur le corps. C'est une mort effroyable. » Selon la police française, « le corps de l'un des deux otages français était complètement calciné ».

L'on ignore toujours les circonstances exactes de leur décès : avaient-ils été tués avant l'accrochage ou pendant ce dernier, sur les lieux de l'attaque ou ailleurs ?

Le ministre a en tout cas exclu la possibilité d'une "bavure" des attaquants français. Il s'interroge en même temps sur la présence aux côtés des terroristes de civils portant des tenues de la gendarmerie nigérienne.

L'enlèvement est désormais attribué aux terroristes d'Aqmi dirigés par l'Algérien Belmokhtar, un sanguinaire qui écume la région du Sahel avec ses bandes estimées de 150 à 200 hommes.

La chaîne de télévision el-Jazeera, relais des terroristes islamistes, a diffusé un enregistrement audio par lequel l'Aqmi revendique l'acte barbare perpétré contre les deux Français au Niger.

"Un groupe de moudjahidine a mené vendredi 7 janvier une courageuse opération au coeur de Niamey, capitale du Niger, où ils ont pénétré dans le quartier diplomatique et sont parvenus à enlever deux Français", déclare un illustre inconnu du nom de Salah Abou Mohammed au nom du mouvement.

Rien n'est dit à propos des circonstances de la mort des deux otages, dont l'on sait aujourd'hui, grâce à l'autopsie de leurs dépouilles, qu'ils ont été exécutés par balles et que l'un des deux a été carbonisé, suite sans doute à l'incendie du véhicule où ils se trouvaient tous les deux, les mains attachées derrière le dos.

On a appris par ailleurs que trois hélicoptères avaient participé à l'engagement ayant mis aux prises les forces spéciales françaises avec les ravisseurs roulant à bord de trois véhicules.