L'Iran progresse dans sa maîtrise de l'atome

À quarante-huit heures de la réunion de l'AIEA où l'on attend les représentants de l'Iran pour expliquer la position de leur pays quant aux contrôles de ses installations nucléaires suspectées de poursuivre des objectifs à caractère militaire, Ali Akbar Salehi, le responsable du programme nucléaire iranien, fait aujourd'hui une annonce tonitruante qui surprend les principales puissances. Selon Salehi, Téhéran dispose désormais de son premier lot de concentré d'uranium, étape intermédiaire dans la production d'uranium enrichi, à partir de minerai extrait d'une de ses mines dans le sud du pays.

Jusqu'ici l'on espérait, en effet, que l'Iran, une fois consommé les 600 tonnes de concentré acheté à l'Afrique du Sud, du temps de l'ancien régime, s'arrêterait de lui-même dans ses activités nucléaires, l'interdiction de lui en vendre sur le marché étant prise et entrée en application depuis 2006 déjà.

L'AIA croit savoir que l'Iran a déjà produit plus de 3 tonnes d'uranium faiblement enrichi (à 3,5 %) et quelques 33 kg d'uranium enrichi à 20 %. L'on sait, bien sûr, que pour produire la bombe, l'uranium doit être enrichi à 90 %, un objectif encore bien lointain pour l'Iran.

Mais, en déclarant : "L'Iran est désormais autosuffisant pour l'ensemble de la chaîne de production de combustible" nucléaire, depuis la production de minerai jusqu'à celle de combustible nucléaire, Salehi bouleverse donc toutes les données que croyaient détenir les principaux membres du Conseil de sécurité pour contraindre l'Iran à stopper ses activités.

Enfonçant le clou, Ahmadinedjad, en réaffirmant samedi dernier le droit inaliénable et non négociable de son pays à enrichir de l'uranium, campe toujours sur ses positions, du reste clairement exprimées par le passé.

Enfin, les autorités iraniennes comptent, dès la prochaine rencontre avec l'AIEA, remettre en discussion le problème de l'insécurité régionale causée par Israël disposant de quelques 200 ou 300 bombes de sa propre fabrication clandestine. Bien plus déterminé qu'auparavant, Téhéran affiche d'ores et déjà un certain optimisme dû sans doute à l'effet quasiment nul des multiples sanctions draconiennes prises contre lui depuis juin dernier.