Le nouveau gouvernement français a été formé

Le nouveau gouvernement français a été annoncé, hier à 20 h 15, sur le perron de l'Elysée, par Claude Guéant. Il est composé comme suit :

• Premier ministre : François Fillon.

22 ministres

• Ministre de la Défense et des anciens combattants : Alain Juppé (il succède à Hervé Morin) ;

• Ministre des Affaires étrangères et européennes : Michèle Alliot-Marie (elle succède à Bernard Kouchner) ;

• Ministre de l'Économie, des finances et de l'industrie : Christine Lagarde ;

• Ministre de l'Écologie, du développement durable, du transport et du logement : Nathalie Kosciusko-Morizet (elle succède à Jean-Louis Borloo) ;

• Ministre du Budget, des comptes publics et de la fonction publique : François Baroin; il devient également porte-parole du gouvernement ;

• Ministre du Travail, de l'emploi et de la santé : Xavier Bertrand (il succède à Eric Woerth) ;

• Ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration : Brice Hortefeux ;

• Ministre en charge des collectivités territoriales : Philippe Richert (UMP), qui travaillera auprès de Brice Hortefeux ;

• Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des libertés : Michel Mercier (il succède à Michèle Alliot-Marie) ;

• Ministre auprès de la ministre d'État, ministre des Affaires étrangères et européennes, chargé des Affaires européennes : Laurent Wauquiez ;

• Ministre en charge de l'Industrie, de l'énergie et de l'économie numérique : Eric Besson (il succède à Christian Estrosi) ;

• Ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche : Valérie Pécresse ;

• Ministre de l'Éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative: Luc Chatel ;

• Ministre des Sports : Chantal Jouanno ;

• Ministre des Solidarités et de la cohésion sociale : Roselyne Bachelot ;

• Ministre de la Culture et de la communication : Frédéric Mitterand ;

• Ministre en charge de l'Apprentissage et de la formation professionnelle : Nadine Morano ;

• Ministre de l'Agriculture, de la ruralité et de l'aménagement du territoire : Bruno Lemaire ;

• Ministre de la Ville : Maurice Leroy (député Nouveau centre et actuel vice-président de l'Assemblée Nationale) ;

• Ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement : Patrick Ollier, député UMP des Hauts-de-Seine et compagnon de Michèle Alliot-Marie ;

• Ministre de la Coopération : Henri de Raincourt ;

• Ministre auprès du ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des collectivités territoriales : Marie-Luce Penchard.

8 secrétaires d'Etat

• Secrétaire d'État auprès du ministère du Travail, chargée de la Santé : Norra Berra ;

• Secrétaire d'État chargé de la Fonction publique : George Tron ;

• Secrétaire d'État en charge du Commerce extérieur : Pierre Lellouche ;

• Secrétaire d'État auprès de l'Écologie, en charge des Transports : Thierry Mariani ;

• Secrétaire d'État auprès de l'Éducation nationale, chargée de la Jeunesse et de la vie associative : Jeanette Bougrab ;

• Secrétaire d'État à la Cohésion sociale : Marie-Anne Montchamp ;

• Secrétaire d'État chargé du Commerce, de l'Artisanat, des PME, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation : Frédéric Lefebvre ;

• Secrétaire d'État en charge du logement auprès de la ministre : Benoist Apparu.

Le nouveau gouvernement compte donc 30 membres, soit 7 de moins que le précédent. 11 femmes contre 13 dans le précédent y sont incluses.

On note l'arrivée de quelques nouveaux : Juppé, à la Défense ; Bertrand, au Travail... ; Richert, aux Collectivités ; Mercier, à la Justice ; Leroy à la Ville ; Ollier, aux relations avec le Parlement ; Penchard, à l'Outre-mer.

On remarque aussi le départ de Kouchner, des A.E. ; de Borloo, de l'Écologie ; de Morin, de la Défense ; de Bockel ; de Devedjian ; d'Amara, de la Ville ; de Yade, des droits de l'homme.

Enfin, ce gouvernement, qui se dit ancré à droite, met fin à l'ouverture au centre et à gauche.

L'éviction de Borloo et de Morin, le premier du Parti radical, le second du Nouveau centre, repose désormais le problème extrêmement complexe et lancinant du regroupement quasiment impossible du monde centriste.

Jadis, pourtant, force de gouvernement du temps de Giscard d'Estaing qui avait réussi à le regrouper sous les couleurs de l'UDF pour faire contrepoids à l'UNR puis au RPR, le centre est aujourd'hui émietté en groupuscules sans grande résonance. Déserté par ses principaux éléments, Le Modem de Bayrou n'est plus qu'une simple coquille vide. Le Nouveau centre, constitué à dessein pour contrer Bayrou lors des dernières élections présidentielles, prend eau de toute part lui aussi, à cause des questions de leadership. L'Alliance centriste tout comme le Parti radical, également réduits à quelques rares individualités sans grand poids politique au plan nationa,l ne pèsent pas davantage.

Tous ces minuscules partis, qui valent bien celui créé tout récemment par Villepin, ne sauraient, même étroitement réunis par extraordinaire sous la férule de quelques dirigeants de premier plan, marquer quelque différence notable lors des prochaines élections présidentielles ou législatives, tant il est vrai que leurs divisions profondes ne peuvent être aplanies d'un simple coup de baguette magique.

Comme, de surcroît, il est prévisible que chacun d'eux présentera son propre candidat en 2012, il ne fait donc pas de doute qu'aucun n'a quelque chance de gagner. Par contre, ce foisonnement de candidatures aura pour effet non négligeable de disperser les voix de droite de sorte que Sarkozy ne réussisse en tout état de cause à gagner à tout le moins au premier tour. Et cela, pour la gauche, c'est bien une aubaine.

Le plus grand perdant des ministres écartés est bien Eric Woerth.

Ce dernier est bien seul, désormais, pour réfléchir surtout aux éclaboussures de l'affaire Bettencourt qui ont mis à rude épreuve le gouvernement mais aussi le président de la République, lequel, bien impliqué apparemment, n'est guère sorti indemne de cette ténébreuse affaire qui l'a vraiment déstabilisé.

Woerth n'en étant que le fusible, c'est à lui que revenait le devoir de partir. Il ne l'avait pas fait à temps, au moment le plus propice des dénonciations, pour éviter un déballage qui l'a, au final, desservi; il en paie aujourd'hui le prix fort.

Pour l'homme de la rue, la satisfaction est d'autant plus comble que le personnage, qui a mené un combat déloyal sur les retraites, est remercié sans le moindre mot de gratitude.

Aussi, est-ce bien à cause de lui, sans nul doute, que la constitution de ce nouveau gouvernement a pris tant de temps, car il fallait d'abord en finir avec la loi sur les retraites que Woerth avait justement en charge de liquider.