Pour Kouchner, Bockel et Amara, ministre et secrétaires d'État dits "d'ouverture", aujourd'hui aigris parce qu'exclus du nouveau gouvernement Fillon, le problème est désormais de savoir si leur famille politique, le Parti socialiste, accepte de les réintégrer en son sein.
A priori, si quelques voix comme celle de Ségolène Royal se montrent assez conciliantes pour passer l'éponge sur une incartade somme toute de peu d'importance, d'autres, et des plus représentatives encore comme celle d'Aubry, réfutent cette alternative.
Pour nombre de socialistes, ces anciens camarades "ne sont pas des déçus du sarkozysme mais des déçus de ne pas avoir eu de place dans le gouvernement", ainsi que l'affirme François Lamy, le bras droit de Martine Aubry. « Ils ont soutenu tous les aspects de la politique du gouvernement. S'ils sont cohérents, ils font toujours partie de la majorité présidentielle », poursuit le député de l'Essonne avant de conclure : « Pour l'instant, on ne va pas aller faire du rapatriement. »
Plus catégorique est encore la réaction de Gaëtan Gorce, député de la Nièvre : « Ils ne représentent plus rien de positif. Il faut les traiter par l'indifférence sans les stigmatiser. »
En effet, la gauche, qui tente par ailleurs de courtiser le centre avec peine, a besoin des voix de tous ceux qui se réclament de son bord pour battre Sarkozy en 2012. Et c'est là le sens de la porte ouverte qu'offre Ségolène Royal qui constate : « la fermeture d'un gouvernement avec l'éviction de Bernard Kouchner d'une part et des centristes qui, pourtant, n'avaient pas démérité », a-t-elle déclaré sur Europe 1.
Une chose reste cependant sûre : jusqu'ici aucun des trois transfuges n'a manifesté publiquement son intention de faire amende honorable pour solliciter sa réintégration au Parti socialiste.