L’origine des incendies de Kabylie, dont les tout derniers ont coûté la vie à plusieurs habitants et ravagé des milliers d’hectares, doit nécessairement interpeller les consciences pour y mettre fin.
Sans aller en effet se perdre dans les diverses conjectures de soi-disant pyromanes à rechercher parmi les passants jetant, en toute conscience ou par mégarde, des mégots sur les talus de la chaussée, nombre d’indices tendent à faire accroire que l’armée est elle-même responsable de ces crimes odieux. Trop nombreux sont en effet les habitants de la région déclarant avoir observé des militaires en train de brûler des pneumatiques avant de les lancer délibérément dans les champs boisés longeant la route.
N’est-ce pas là une curieuse manière, qui évoque à regret d’ailleurs des souvenirs semblables de l’armée française durant la guerre de libération, de combattre les «derniers» terroristes islamistes qui continuent d’ahaner l’A.N.P. ? N’est-ce pas là aussi une fâcheuse réponse aux attentes légitimes d’une population, déjà saignée à blanc en 2002, qu’on continue de mépriser ainsi au grand jour, en brûlant ses terres, ses oliviers et ses figuiers constituant son maigre revenu qu'elle ne peut trouver ailleurs dans des unités industrielles et autres activités inexistantes ?
Attend-on qu’une nouvelle explosion embrase la Kabylie pour faire cesser des crimes aussi innommables, même si, au nom de la lutte contre le terrorisme, les états-majors, au comble de l’insouciance, en soient réduits à bombarder à distance, au risque d'allumer des incendies, des poches abritant hypothétiquement des rebelles islamistes ?
L’Etat de non-droit, nous le savons tous, est un fait indiscutable en Algérie. Mais, les décideurs responsables de ces destructions immondes en arriveraient-ils à de telles extrémités si les terroristes avaient infesté leur région d’origine ?