De nombreux candidats sont en lice. Aussi combatifs l'un que l'autre, le président sortant Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, dit ADO, et Henri Conan Bédié sont les trois principaux d'entre eux qui occupent le devant de la scène depuis déjà deux décennies. Les 8 autres joueront, semble-t-il, le rôle de simples figurants.
Reportée une dizaine de fois, cette élection aura demandé cinq années de patients efforts de la communauté internationale pour la voir enfin se concrétiser après une guerre civile, la partition du pays et le péril économique qui a sanctionné l'ensemble.
Il faut dire que depuis l'avènement de Gbagbo, la Côte d'Ivoire s'est vraiment singularisée par les luttes intestines, les tueries, les déplacements de populations et surtout le refus du président de se plier au devoir d'admettre des rivaux à l'élection présidentielle dont il avait toujours différé la tenue.
Les trois candidats se considèrent rompus à la politique et se partagent virtuellement déjà les suffrages de leurs électeurs. Gbagbo s'appuie sur sa communauté de l'ouest, Bédié sur celle du centre et enfin ADO sur les musulmans du nord.
Ces rivalités claniques nourrissent surtout la haine et la violence depuis près d'une décennie.
Même si les troupes respectives semblent prêtes à entrer en scène pour susciter l'engouement pour le vote, le côté administratif de ce scrutin, estimé à quelques 300 millions d'euros, souffre cependant de lacunes graves, à en croire les observateurs : les cartes d'électeurs ne sont pas toutes distribuées, la commission électorale indépendante n'aurait pas encore statué sur le procédé à retenir pour le comptage des voix, etc.
Dans une atmosphère où les tensions demeurent vives, le pire est néanmoins à craindre pendant et après les élections.
Enfin, il faut espérer que les 9500 casques bleus qui sont aujourd'hui en poste dans le pays suffiront pour l'aider à assurer la sérénité et le calme indispensables à l'expression libre des électeurs.