Dans ses mémoires, le général Hugh Shelton, ancien chef d'état-major dans le cabinet de Bill Clinton, révèle que, durant des mois, le fameux "biscuit", autrement dit les codes ultra secrets permettant d'amorcer l'arme nucléaire, avait carrément disparu.
Les codes censés être tenus par le président en exercice sont en fait confiés à l'un de ses collaborateurs immédiats qui doit veiller à leur mise à jour communiquée tous les quatre mois.
Le biscuit a donc été égaré en l'an 2000, précise l'auteur qui rappelle une anecdote fort étonnante : "Quand un responsable du Pentagone est venu le voir un jour à la Maison Blanche pour la confirmation des codes – une procédure de routine qui se déroule tous les mois –, l'aide en question l'a congédié en lui assurant que le président Clinton les avait en sa possession et qu'il était occupé par une réunion urgente", résume la dépêche de l'AFP reprise par le journal Le Monde.
"Ce petit jeu s'est poursuivi, sans que le président Clinton en soit informé, j'en suis sûr", écrit encore le général, avant d'ajouter : "A ce moment-là, nous avons découvert que le responsable n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvaient les anciens codes, parce qu'ils avaient disparu depuis des mois". "Le président ne les avait jamais eus, mais il pensait, j'en suis certain, que son aide les avait avec lui, ainsi qu'il était prévu".
La gravité de cette affaire rappelle une autre, survenue il y un ou deux ans, quand le pilote d'un avion militaire en mission a appris, une fois parvenu à destination, qu'il avait transporté 3 ou 4 ogives nucléaires sans en avoir été informé au préalable. L'émotion était encore à son comble au niveau de la hiérarchie militaire lorsque l'on est aperçu qu'aucun contrôle d'usage n'avait été entrepris avant le décollage de l'avion.
En d'autres termes, si l'on s'est longtemps gaussé du laisser-aller ou des désordres constatés chez les Russes autour de l'affaire de Tchernobyl, il n'est pas dit que le monde reste vraiment à l'abri d'une catastrophe pouvant surprendre à tout moment dans l'un des pays du club nucléaire, y compris dans sa partie occidentale.