Déclaration de politique générale de Ouyahia à l’APN
Beaucoup de chiffres et aucune autocritique
rania hamdi - TSA
Jeudi devant les députés, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia? a rappelé d’emblée que son déplacement à l’Assemblée populaire nationale (APN) est motivé par son souci de respecter les dispositions contenues dans l’article 84 de la Constitution. Avant de faire le tour, au bout d’une heure d’intervention, des différents aspects du programme du gouvernement – autant dire du projet du président de la République comme il n’a eu de cesse de le répéter. Pour le premier ministre, tout va bien. L’Algérie est sur la bonne voie. Sans surprise, l’autocritique n’a pas eu sa place dans le discours.
Dans son discours, Ahmed Ouyahia a parlé aussi bien de ses réalisations que de ses perspectives. Il a commencé par louer les mérites de la politique de réconciliation nationale et de la restauration de la paix. Il a ainsi remis au goût du jour les contours ambivalents de cette démarche, basée simultanément sur la lutte contre le terrorisme et la clémence de l’État envers les repentis. Ahmed Ouyahia a affirmé que « le terrorisme fait désormais l’objet d’une condamnation unanime dans notre pays. Il ne saurait prétendre à un quelconque alibi politique et se trouve plus que jamais réduit à sa seule vocation criminelle ». Quelques minutes plus tard, il réitère l’appel des autorités nationales aux irréductibles afin de les inciter à « rallier le chemin de la réconciliation nationale ». Abordant le dossier des disparus, il soutiendra que sur les 6 478 dossiers recensés, uniquement 35 sont en suspens. Il dira aussi que sur les 13 332 cas de familles ayant un membre impliqué dans des affaires de terrorisme, 57 sont toujours en cours de traitement.
Dans son discours, il a réservé un bref passage au phénomène des Algériens convertis au christianisme, en rappelant que la Constitution garantit la liberté de culte. « L’histoire lointaine est là pour témoigner que le peuple algérien musulman a toujours été accueillant et même protecteur, lorsque cela fut nécessaire, pour les pratiquants des autres religions ».
Le Premier ministre, comme à son habitude, a ponctué son intervention de chiffres, toutefois difficilement vérifiables. Il a d’abord donné la valeur de 21 000 milliards de dinars, soit 280 milliards de dollars, consacrée par l’État au programme quinquennal d’investissements publics (2009-2014). Il a estimé que la crise du logement est en voie de résorption, grâce au million de logements déjà livrés et aux deux millions d’unités qui seront achevés à l’arrivée à échéance du troisième mandat du président Bouteflika. Ahmed Ouyahia a affirmé que 145 000 familles, logées de manière précaire, ont d’ores et déjà reçu les clefs de leurs appartements. 400 000 seront réservés à l’éradication des bidonvilles, et 500 000 autres aux demandeurs de logements sociaux.
Pour le secteur de la santé, le Premier ministre a indiqué que la réforme de la gestion hospitalière absorbera annuellement 240 milliards de dinars. Il a rapporté que 1 500 nouvelles infrastructures sanitaires seront construites dans les quatre ans à venir. 11 000 médecins spécialistes seront formés durant la même période pour couvrir, selon lui, convenablement les besoins de la population. Il s’agit, aussi, de continuer à promouvoir l’utilisation du générique et de privilégier la production locale des médicaments. A ce titre, il a soutenu que « des mesures seront prises au profit du groupe pharmaceutique public Saïdal qui investira 17 milliards de dinars pour doubler sa production au cours des cinq prochaines années ». Ahmed Ouyahia n’a pas omis d’exprimer son satisfecit quant au nombre d’enfants scolarisés et des résultats probants de la réforme du système éducatif.