Décidément, rien ne va dans ce pays de cocagne.
Il y a quelques mois à peine, pour répondre à des besoins massifs de ciment que la production locale n'arrivait pas à satisfaire, l'État a dû en importer d'urgence au moins un million de tonnes. Une tension très forte s'en est d'ailleurs suivie qui a mis entretemps des compagnies de gendarmes à la recherche des fraudeurs et des spéculateurs de tout acabit, parce que le manque de ce matériau indispensable menaçait l'avancement des principales infrastructures lancées un peu partout sur le territoire national.
Aujourd'hui, contre toute attente, on annonce - c'est du moins ce que rapporte un correspondant d'El-Watan à Chlef - que la cimenterie de cette localité souffre justement d'une mévente qui hypothèque son propre devenir si la situation devait perdurer.
Matériau périssable au bout de trois mois seulement, le ciment ne peut en effet se conserver durablement. Comme, selon le journaliste, la cimenterie en question dispose d'une clientèle qui, liée contractuellement, est tenue de prendre livraison de ses quotas fixés d'avance, la question première qui vient à l'esprit est de savoir ce que cette clientèle fait dès lors de sa marchandise invendue qui atteint sa durée de vie maximum. En la fourguant à des consommateurs qui risquent encore de la conserver chez eux quelques semaines avant de l'utiliser, c'est toutes leurs constructions qui sont immédiatement mises en danger avec tous les risques humains en découlant.
Aussi, doit-on s'interroger sur le rôle des pouvoirs publics censés réguler la production et l'écoulement de ce matériau si sensible à travers tout le pays, pour prévenir justement ces surstockages d'effet extrêmement contre-indiqué.
Enfin, avant d'importer ce matériau sensible de l'étranger le bon sens n'exige-t-il pas de s'assurer au préalable de l'écoulement correct de toute la production locale ?