Des émeutes ont mis aux prises les forces de l'ordre avec les manifestants à Boudouaou

Les affrontements qui ont opposé dans la journée des manifestants à Boudouaou, une localité située à 35 km d'alger, à des policiers et des gendarmes se sont soldées en fin de soirée par une dizaine de blessés et une vingtaine d'arrestations, indique une dépêche de TSA.

Les blessés se compteraient dans les deux camps.

Les heurts ont commencé à se produire dès ce matin, vers 10 h 30, quand un millier de manifestants provenant du quartier dit Marzouka ont envahi la rue pour protester contre la dégradation de leurs conditions de vie.

Ils réclamaient aussi un raccordement au réseau de gaz naturel et la réfection des routes laissées à l'abandon depuis des années, a-t-on rapporté.

La tentative d'exposer leurs doléances aux autorités locales ayant échoué, ils ont alors déferlé de nouveau dans les rues mais cette fois animés de l'intention d'exercer des violences.

Les forces antiémeutes entrées aussitôt en mouvement ont entrepris d'opérer des arrestations, cause sans doute des échauffourées qui se sont poursuivies dans la soirée.

La tension semble à présent être tombée, mais le risque demeure de voir les émeutes reprendre demain.

Il ne semble pas que Boudouaou ait vécu de nouveaux troubles le lendemain ; par contre, on a obtenu confirmation de l'arrestation la veille de 28 manifestants qui ont été déférés devant le parquet. Cinq d'entre eux se sont retrouvés sous mandat de dépôt et les 23 autres, dont 8 mineurs, placés en liberté provisoire.

Les échauffourées de dimanche ont occasionné des blessures à une dizaine de personnes dont des membres des forces de l'ordre, mais l'on ignore toujours si elles se sont accompagnées de dégradations de biens publics et privés.

Enfin, les tensions récurrentes qui secourent la capitale et ses abords sont imputables le plus souvent à l'inexistence du dialogue entre les pouvoirs publics et les populations généralement mal représentées par de soi-disant élus davantage préoccupés par l'amélioration de leur propre situation matérielle que de celle des communautés vivant autour d'eux. De surcroît, le laisser-aller, la gabegie et tous les désordres fonctionnels qui caractérisent l'administration d'une façon générale poussent aussi à la révolte des gens pressurés de tous côtés et surtout abusés par des promesses creuses.

Le procès des 28 prévenus - 5 sous mandat de dépôt et 23 placés en liberté provisoire - aura lieu demain devant le tribunal correctionnel de Boudouaou.

Ils sont poursuivis pour avoir bloqué la voie publique, incité à la violence, empêché les services de l’État d’accomplir leur mission et, enfin, détruit des biens publics.

La célérité mise à ficeler le dossier de cette affaire laisse augurer que de lourdes sanctions attendent les justiciables, pour servir à tout le moins d'exemple devant la pléthore des manifestations récurrentes qui éclatent un peu partout dans le pays et parfois pour de simples questions mineures sans aucun lien avec les véritables problèmes de fond posés aux Algériens.

Le verdict a été rendu ce matin dans le cadre de cette affaire : 5 émeutiers sont condamnés à 5 ans de prison ferme, 12 autres à six mois et les 11 autres ont bénéficié de la relaxe.

Dès l'annonce de ce verdict, les rues de Boudouaou ont été investies par des manifestants criant leur colère contre ce jugement. Ils ont même incendié deux autobus de la compagnie Tahkout et bloqué la route nationale, provoquant ainsi un embouteillage monstre à la veille de l'Aïd-el-Adha, où nombre de voyageurs désirent rejoindre leur famille pour les fêtes.

Il semble que des automobilistes aient été aussi violentés par les manifestants en furie.

Vingt manifestants ont encore été arrêtés lundi, à la suite des affrontements liés aux protestations qui ont succédé à l'énoncé du verdict des émeutiers du 17 octobre dernier.

Plusieurs blessés, y compris parmi les forces de l'ordre, ont été signalés à l'occasion de ces nouvelles violences, marquées d'ailleurs par l'autodafé de deux autobus de la compagnie Tahkout et le blocage de la route nationale n° 24 menant vers la capitale, à la veille de la fête de l'Aïd-el-Kebir.

Verra-t-on le cycle de ces violences se renouveler à l'occasion du jugement de ces derniers manifestants qui seront sans doute, comme les premiers, traduits devant le tribunal ?