Nouvelles sanctions prises contre l’Iran

Les décrets pris à Washington, hier, au titre des nouvelles sanctions contre l’Iran, ont pour but de bloquer l’accès de ce pays au système financier international.

Bien que le dispositif en cause ne soit pas rendu public dans ses détails pour clarifier son contenu, on croit savoir que les Etats-Unis, en interdisant désormais à leurs propres banques, sous peine de sanctions graves, de poursuivre leurs relations commerciales avec leurs homologues iraniennes, parviendraient ainsi à étouffer Téhéran, en le privant de tout moyen d’accéder au marché international. La mesure s’appliquant aussi aux entreprises américaines, l’Iran sera désormais coupé de ses fournisseurs outre atlantique, avec les conséquences que l’on peut imaginer pour son industrie notamment pétrolière, qui, de notoriété publique, fonctionne quasiment avec le matériel produit en grande partie là-bas.

En privant, par voie de conséquence, l’organisation des Gardiens de la révolution de ressources substantielles, Washington espère ainsi contraindre Téhéran à se plier à ses exigences, celles, toujours proclamées jusqu’ici sous la dictée de Jérusalem, d’arrêter ses recherches nucléaires.

Bush, tout comme en Irak, n’écarte pas pour autant l’hypothèse d’utiliser la force à tout moment, puisque ses porte-avions croisent toujours dans le détroit d'Ormuz. Et, comme le véto toujours brandi par la Russie et la Chine au Conseil de sécurité l’empêche de donner le cachet de l’ONU à de telles sanctions qu’il eût souhaité prendre de conserve avec ses amis occidentaux, il en appelle à ses alliés de l’UE pour qu’ils le suivent dans ses pas.

En attendant toutefois les réactions de Téhéran, Poutine, de son côté, n’a pas manqué de qualifier contreproductives les menaces de nouvelles sanctions et d’opérations militaires contre l’Iran. « Je pense que courir comme des fous en agitant un rasoir n’est pas le meilleur moyen de régler les problèmes de ce genre », a-t-il déclaré, avant de rappeler que la sagesse milite pour l’emploi plutôt de moyens pacifiques, comme tel a été le cas avec la Corée du nord, dont le problème du programme nucléaire, bien plus ardu encore, est aujourd’hui quasiment résolu.

A en croire The Washington Post, les sanctions imposées à l'Iran tant par les Etats-Unis que par l'U.E., en bloquant toutes les opérations bancaires à destination de ce pays, réussissent jusqu'ici à détourner une certaine part de son commerce avec l'Occident. Il s'est notamment ouvert la voie vers l'Asie, à qui il vend son pétrole en euros ou en yens. Et, au passage, ce sont les banques de ce continent qui profitent, en lieu et place de leurs consoeurs occidentales de ces transactions.

Par contre, il commence à éprouver des difficultés pour importer, par exemple, les quantités de carburants nécessaires comme appoint à sa propre production, estimée à un tiers de la consommation. Par la réduction prise sur les subventions affectées à ces carburants, il ne réussit qu'à diviser par deux le volume de ses importations. Autrement dit, c'est à la contrebande de pourvoir aux besoins manquants.

L'activité des compagnies pétrolières occidentales et mêmes russes engagées dans l'exploration pétrolière dans le pays se trouve désormais inhibée sous l'effet de ces sanctions qu'elles ne peuvent contourner sous peine de s'exposer au dehors à de graves retombées.

L'accès enfin de l'Iran au centre financier des Emirats s'étant refermé, quarante-deux entreprises commerçant avec lui ont mis la clé sous le paillasson, cessant du même coup d'approvisionner son marché d'un certain nombre de produits étrangers plus ou moins vitaux.

Pour tenter de diminuer la pression qui s'exerce sur son pays, sous forme de sanctions draconiennes que les cinq du Conseil de sécurité concoctent en ce moment, le gouvernement iranien fait appel à Bouteflika pour jouer le médiateur.

Apparemment bien vu tant des USA que de Téhéran, ce dernier, qui a à son actif une bonne dizaine d'années d'expérience diplomatique, pourrait en effet mener à bon terme une négociation de l'espèce. Mais, malheureusement, avec son âge avancé et surtout sa maladie qui le rend d'ailleurs inapte à faire seulement acte de présence dans les réunions gouvernementales, il est peu probable qu'il accomplisse une semblable mission.

Quand bien même celle-ci lui permettrait à coup sûr de redorer son blason terni par la corruption et les détournements qui émaillent la vie politique au sommet en Algérie, Bouteflika ne pourra céder au désir de l'Iran, même s'il ambitionne de s'y rendre dès le 16 prochain pour une visite de 3 jours.

En tout cas, une chose est désormais sûre, Ahmadinedjad perd de sa superbe. Il commence à supputer les conséquences extrêmement négatives de son attitude plutôt insensée et arrogante que mesurée et intelligente. Ne dit-on pas qu'à force de tirer sur la corde, elle finit par se casser.

Pékin, par une déclaration du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, a condamné aujourd'hui les sanctions unilatérales prise par l'U.E. contre l'Iran. "La Chine n'approuve pas les sanctions unilatérales adoptées par l'UE à l'encontre de l'Iran et nous espérons que toutes les parties intéressées s'en tiendront à la diplomatie tout en recherchant une solution équitable du problème iranien par voie de dialogue et de négociations", est-il indiqué dans cette déclaration.

C'est le 26 juillet dernier que les 27 ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'U.E. ont voté des sanctions additionnelles à celles du Conseil de sécurité, qui s'ajoutent aussi à l'autre panoplie de mesures prises dans le même sens par Washington. Les sanctions de l'U.E. prévoient explicitement le gel des investissements dans le domaine énergétique de Téhéran, l'interdiction du transfert des technologies de pointe et le blocage des exportations de produits utilisables à des fins militaires, en sus du gel des avoirs personnels de certains membres de la hiérarchie militaire, enfin l'arrêt de toute opération avec les banques et le secteur maritime iraniens.

Téhéran, sous le poids de ces nouvelles contraintes, semble faire machine arrière à propos de ses intentions initiales de poursuivre ses activités nucléaires. Lundi dernier, il a saisi l'AIEA à l'effet d'ouvrir de nouvelles négociations en vue de résoudre le problème de l'échange du combustible nucléaire pour le réacteur de recherche médicale de Téhéran.