Selon RFI, 16 ouvriers chinois de l'entreprise China Railway Corp chargée de la réalisation d'un métro à la Mecque ont été purement et simplement expulsés du pays, par suite de leur débrayage pour cause de mauvaises conditions d'hébergement et de rémunération.
Au nombre des interdits, fort nombreux du reste, applicables dans le royaume, la grève, le syndicalisme et les mouvements sociaux tiennent une place prépondérante. Autrement dit, les sept millions d'étrangers, asiatiques pour l'essentiel, travaillant dans ce pays ne sont libres ni de constituer un syndicat pour défendre leurs intérêts ni moins encore de faire grève pour appuyer leurs revendications professionnelles. Pis, dans les émirats voisins, les immigrants librement recrutés dans leurs pays respectifs sont tenus de déposer leur passeport entre les mains de leur employeur émirati dès leur arrivée et ils ne sont donc plus autorisés ni à cesser le travail ni à quitter le pays sans l'accord de leur employeur.
L'on sait que la politique habituellement suivie par les entreprises chinoises obtenant des marchés hors de Chine se fonde toujours sur des offres de prix largement concurrentielles sous-tendant par voie de conséquence des rémunérations de très bas niveau servies à leurs salariés. En Algérie, en particulier, les entreprises chinoises activant dans les travaux publics sont souvent exposées à des arrêts de travail suscités soit par les mauvaises conditions d'hébergement et de rémunération des travailleurs chinois soit par par les retards de paiement de leurs salaires.
Dans le cas particulier des 16 travailleurs du métro, il semble que la mort accidentelle de l'un de leurs camarades ait pesé beaucoup sur la décision de leur débrayage.
En tout cas, les autorités saoudiennes font peu de cas des questions humanitaires pour ne guère se préoccuper des revendications internes, fussent-elles légitimes, pouvant être posées par des travailleurs chinois à leur entreprise également chinoise. Pour preuve, 246 chauffeurs ont été expulsés manu militari en 2007 pour avoir exercé leur droit de grève, pourtant internationalement reconnu, contre leur société de transport.
En définitive, l'opulence et la richesse de l'Arabie saoudite, qui attirent tant de migrants en provenance de pays pauvres, mettent à contrario en évidence le retard profond dans lequel se débat ce pays médiéval au double plan des libertés et des droits humains.