La nouvelle élue, Pradibha Patil, 72 ans, appartient à un pays dit émergeant, l’Inde, dont tout le monde sait les vastes avancées dans la démocratie, depuis déjà quelques dizaines d’années.
Certes, une autre compatriote célèbre, Indira Ghandi, belle-mère de Sonia Gandhi, aura été l’une des premières femmes dans le monde à être à la tête d’un premier ministère, en 1966.
Pradibha, candidate de la coalition au pouvoir, a battu son challenger et non moins vice-président Bhairon Singh Shekhawat. Deux tiers des voix de parlementaires et d’hommes politiques lui ont en effet été attribués.
C’est aussi non sans quelque fierté que Sonia Gandhi, du parti du Congrès, a aussitôt déclaré : "Il s’agit d’un instant très particulier pour nous les femmes, et biens sûr pour les hommes… parce que, pour la première fois, une femme est élue présidente de l’Inde".
La venue d’une femme au sommet de l’Etat était vivement attendue dans le pays, avec l’espoir qu’elle mettrait fin aux cycles de violences qui sont le lot des indiennes. Il faut rappeler que ces dernières sont toujours tenues d’apporter leur dot, à l’occasion d’un mariage. Et de la qualité de cette dot dépend généralement le sort réservé à la mariée.
Ensuite, le monde du travail étant désormais largement ouvert aux indiennes, la nouvelle présidente aura de ce côté-là aussi à lutter contre les inégalités salariales, aussi pesantes ici qu’ailleurs.
Au tableau noir, malheureusement, Pradibha traîne quelques boulets qui la poursuivent encore négativement. La gestion de la banque des femmes à laquelle elle s’était adonnée dans le passé semble avoir souffert d’irrégularités que ses critiques lui imputent directement. En déclarant encore que les indiennes du 16e siècle se couvraient la tête, pour se protéger contre des envahisseurs musulmans, elle a aussi suscité quelque colère chez ces derniers. En croyant enfin à des histoires de gourou lui ayant prédit son élévation aux plus hautes fonctions, elle aurait également provoqué quelque stupéfaction même parmi ses partisans.