Redha MaleK, l'ancien membre de la délégation du FLN aux négociations d'Evian, auteur d'ailleurs d'un ouvrage publié sur le sujet, devenu ministre sous Boumediene, puis Premier ministre du gouvernement de transition appelé le HCE, vient de publier ses mémoires.
Merouane Mokdad, de TSA, nous dresse une fiche de lecture qui donne un aperçu sommaire du contenu du livre. La voici.
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REDHA MALEK PUBLIE SES MEMOIRES
Plaidoyer pour un retrait graduel de l’armée de la vie politique
par Merouane Mokdad
Redha Malek vient de publier aux Éditions Casbah, « Guerre de libération et révolution démocratique, écrits d’hier et d’aujourd’hui », un volumineux ouvrage de 758 pages. Un livre qui ressemble à des mémoires dans lequel il restitue un demi siècle d’action militante à travers des textes publiés avant et après l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Il revient notamment sur « la révision » de la plate forme de la Soummam après la réunion du CNRA au Caire en 1957, un an après le Congrès de la Soummam. « Les deux principes affirmant la primauté du politique sur le militaire et celle de l’intérieur sur l’extérieur furent abrogés. Remarquons que le document tel que révisé ne vit jamais le jour. Seuls les procès-verbaux de la session en font foi », écrit celui qui fut porte-parole de la délégation algérienne qui a mené les négociations d’Evian.
Il a rappelé avoir écrit dans El Moudjahid en novembre 1957, un article sous le titre « Une révolution démocratique » sans demander l’aval de Abane Ramdane qui était à l’époque chargé de l’information au sein du CNRA. D’après lui, Abane Ramdane a refusé la devise « La révolution par le peuple et pour le peuple » qui figurait sous le titre d’El Moudjahid.
Se proclamant souverainiste, Redha Malek ne manque pas de régler ses comptes avec Hocine Aït Ahmed et Saïd Sadi qui, selon lui, auraient appelé les étrangers à s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Algérie durant les années 1990. « Le fait est que la succession ininterrompue d’impasses qui a caractérisé ces dernières décennies lourdement marquées par l’inconsistance des institutions, le déclin du sentiment national, la perte du sens civique, a retenti fâcheusement sur une interprétation sereine du passé, au point de le remettre en cause dans ce qu’il a de plus fondamental », a-t-il noté.
Il refuse l’idée que les malheurs actuels soient imputés à la guerre de libération (qu’il appelle révolution) transformée « en boite de pandore historique ». « En vertu d’un mécanisme psychologique assez simple, les grandes déceptions collectives se retournent en haine de soi et de tout ce qu’on a adoré », appuie cet ancien membre du Haut Comité d’Etat (HCE).
Redha Malek met en doute l’idée d’un retrait de l’armée de la vie politique algérienne. Revenant sur les déclaration faites par Abdelaziz Bouteflika à son arrivée au pouvoir en 1999 de ne pas pas être « qu’un quart de président », il a relevé que les conditions dans lesquels le chef d’Etat a exercé le pouvoir « ne permettaient pas à l’armée de renoncer à ses responsabilités débordant largement le domaine sécuritaire ». « L’idée d’un retrait de cette institution des affaires politiques se fit jour. Le chef d’état major, Mohamed Lamari formula officiellement cette intention. Mais la réalité des faits resta sans changement », relève-t-il.
Rejetant la thèse de généraux accrochés à leurs privilèges, l’ancien chef de gouvernement estime que le retrait des militaires de la vie politique provoquerait « une vacuité du pouvoir » que la société, « encore fragile », et les partis, « divisés », ne pourront pas remplir. Cependant, il a noté que la présence de l’armée au cœur du pouvoir ne favorise pas l’ancrage démocratique. « Nous dirons que simultanément, les forces démocratiques doivent s’organiser afin de se constituer en force sociopolitique consistante, et que l’armée, de son côté effectue graduellement son retrait et de façon planifiée. C’est là le sens d’une vraie transition », suggère-t-il.
Interrogé mardi par El Khabar, Redha Malek a appelé à mettre fin aux « mascarades électorales » en Algérie et à « laisser le peuple choisir librement ses représentants ». Pour rappel, Rédha Malek est l’auteur de plusieurs ouvrages dont "Tradition et révolution" et "L’Algérie à Evian"