L'interdiction de la mendicité au Sénégal - Une mesure attendue

Prendre une telle mesure en plein mois de carême dans un pays fortement islamisé était pour le gouvernement sénégalais d'autant plus courageux que les islamistes pouvaient s'en servir pour créer des troubles dans le pays.

C'est le 23 août dernier que la décision a été annoncée et rendue immédiatement exécutoire. Du coup, des centaines de mendiants ont été arrêtés par la police, pour des vérifications sans doute d'identité et en même temps un fichage de façon à prévenir des récidives.

Dans le lot des personnes arrêtées, on s'est aperçu qu'il y avait des enfants en majorité mais pas seulement sénégalais. Ainsi, sur les 240 arrêtés la semaine dernière, 38 venaient du Mali et de Guinée et un autre du Cameroun.

Tous ont été libérés depuis lors et les étrangers remis entre les mains des ambassades de leurs pays respectifs, à charge pour elles d'assurer leur renvoi chez eux.

Une trentaine de mineurs sénégalais ont été remis à leur famille ou placés dans des centres d'accueil. Ils suivaient des cours d'enseignement coranique et se laissaient en même temps exploiter par leurs maîtres en allant mendier dans la rue. Sept de ces derniers, traduits en justice, devront incessamment répondre de leurs actes et encourent des peines de 6 mois à 2 ans de prison.

Désormais, la mendicité n'est autorisée au Sénégal que devant les lieux de culte.

L'Unicef avait estimé à 8000 le nombre d'enfants qui pratiquaient la mendicité dans les rues de Dakar.

Sénégal : "Les enfants perdus de M’bour (1) "
Malheureusement, la mesure prise, il y a à peine un mois par le Premier ministre sénégalais, n'a eu qu'une existence éphémère puisque, selon Bakchich, elle vient d'être rapportée par le président Wade.

Songeant d'ores et déjà à sa réélection, ce dernier compte beaucoup sur le soutien des confréries religieuses. Aussi, justifie-t-il son geste en estimant que « l’aumône est une pratique recommandée par l’Islam », provoquant du coup la déception des associations humanitaires de protection notamment de l'enfance ainsi que d'Human Rights Watch (HRW).

Ces organisations qui avaient été choquées d'observer quelques 50 000 enfants des écoles coraniques s'adonner à la mendicité dans les rues du Sénégal se félicitaient de l'interdiction prononcée et de la condamnation à six mois de prison avec sursis des maîtres des écoles coraniques qui exploitent toute honte bue leurs élèves à travers une pratique aussi dégradante qu'intolérable.

Elles déchantent aujourd'hui, et regrettent l'intervention intempestive de Wade. « C’est un grand pas en arrière, car nous avions constaté ces dernières semaines une diminution du nombre d’enfants mendiant dans les rues », ont-elles déploré.

Comme toujours, au nom des intérêts égoïstes de dictateurs inconscients et irresponsables, l'avenir de millions de ressortissants africains continue d'être bassement hypothéqué sans jamais susciter la moindre désapprobation et moins encore la condamnation ni des principaux maîtres de ce monde ni des institutions internationales.


Sénégal : "Les enfants perdus de M’bour" (2)