Contrevenant à la loi, la mendicité prend désormais des formes de métier en Algérie. Dans toutes les villes, l'on rencontre fréquemment des hommes et des femmes qui ne se contentent pas simplement de tendre la main, ils harcèlent les passants. Du matin au soir, ils prennent possession d'un coin de rue, toujours le même, pour exercer leur "commerce". Toutes les occasions d'aborder les passants étant propices, l'on ne manque pas alors d'aller demander l'aumône aux automobilistes faisant la queue aux carrefours contrôlés par la police ou les feux de circulation. Là, ils se repartissent souvent les queues, s'arrêtant successivement, la main tendue, à toutes les voitures. Quelques-uns, bien sûr, prennent pitié d'eux et leur glissent quelque pièce qui va s'engouffrer rapidement dans la poche. D'autres, plus avertis, préfèrent remonter carrément leur glace pour ne pas entendre leurs jérémiades plus ou moins simulées.
Plus couramment, l'on trouve, le long des principales artères, des couples sinon des femmes seules aux côtés desquels traînent ou dorment sur leurs hardes des enfants souvent en bas âge et dans un état toujours crasseux.
Mais, ne nous y trompons pas ! Il est rare que la femme soit la mère de l'enfant, puisqu'il est établi aujourd'hui que la présence de l'enfant est surtout utilisée comme appât pour abuser de la crédulité des gens, obtenir plus facilement ainsi leur compassion et surtout toucher la fibre la plus sensible de leur coeur. N'est-ce pas que notre générosité se démultiplie forcément en présence d'un enfant démuni accompagnant sa mère plutôt que devant une femme seule, surtout quand celle-ci présente toutes les facultés de pouvoir travailler ?
Pour mieux accrocher le passant, ces femmes répètent alors et à l'envi le même refrain, celui de vouloir acheter du lait ou encore des médicaments pour l'enfant. Usant d'une effronterie déconcertante, elles repoussent même toute offrande autre que l'argent ou narguent le donateur qui leur balance moins de 10 dinars.
En vérité, et les témoignages publiés régulièrement dans les journaux abondent dans ce sens, il se trouve toujours assez de couples irresponsables pour louer leur enfant à une mendiante "professionnelle" du quartier qui va exercer son commerce à la ville ou du moins à l'autre extrémité de la ville.
Les prétextes avancés restent toujours les mêmes : la pauvreté, le chômage, enfin toute la litanie déversée habituellement par tous ceux, et ils sont nombreux malheureusement, qui répugnent à gagner leur vie honnêtement et à la sueur de leur front.