Malgré les ravages effroyables sur la santé publique que causent les pesticides un peu partout dans le monde, aucune législation n'est prise ici ou là pour en restreindre au moins l'usage faute de pouvoir les abolir, à cause des intérêts financiers parfois très importants qui sont en jeu dans le milieu agricole.
On a vu bien des cas de cancers développés au contact ou à l'absorption des produits de la terre, mais rien n'a été entrepris pour y mettre un terme, même en Europe où l'on se dit pourtant très au fait du problème généré par l'emploi de pesticides. Pis encore, l'Espagne est aujourd'hui le pays qui utilise les pesticides les plus nocifs, interdits sous d'autres cieux, sans jamais susciter la moindre préoccupation chez ses voisins ou ses clients.
Rue89 cite aujourd'hui le cas d'un agriculteur qui a récolté la maladie de Parkinson après avoir été en contact régulier avec le pesticide Gaucho et qui a dû lutter âprement pour se faire reconnaître ses droits devant un tribunal, ayant échoué à le faire auprès de la sécurité sociale.
Lisons donc ce qu'il nous dit sur le sujet.
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Gilbert, agriculteur, malade de Parkinson à cause d'un pesticide
Par Elise Kuntzelmann | Rue89 | 01/09/2010
Gilbert Vendée raconte à Rue89 son long combat pour faire reconnaître le lien entre son intoxication au pesticide Gaucho et la maladie de Parkinson qu'il a contractée par la suite. Un cas unique ?
« L'exposition aux pesticides multiplie par deux le risque de survenue de la maladie de Parkinson », écrivent des chercheurs de l'Inserm dans une étude récente.
« Comme si une aiguille me rentrait dans l'épaule »
Malgré cela, il aura fallu sept années à Gilbert Vendée avant que ne soit établi le lien entre sa maladie de Parkinson et son exposition aux pesticides. Pour éviter que d'autres ne soient comme lui reconnus et indemnisés, les fabricants de produits phytosanitaires ont depuis multiplié les avertissements.
Pendant des décennies, Gilbert Vendée a utilisé des pesticides pour satisfaire aux impératifs de rendement des propriétaires agricoles pour lesquels il travaillait comme « chef de culture ». Mais un jour, le geste routinier a mal tourné :
« C'était un vendredi d'octobre 1998. J'ai pulvérisé du Gaucho sur des semis d'orge d'hiver toute la journée. Le soir, je suis passé voir mon patron pour lui dire que j'avais mal à la tête. A la maison je me suis mis à vomir. J'avais du Gaucho plein le nez et c'était rose. Ma femme a appelé un médecin qui m'a dit que j'avais fait une intoxication au Gaucho.
Je suis retourné travailler le lundi mais j'ai été obligé de descendre du tracteur et je me suis roulé par terre tellement j'avais mal. C'était comme si une aiguille me rentrait dans l'épaule. »
Des enjeux financiers trop importants
Malgré les conseils de son médecin, Gilbert a continué à travailler. En 2002, lorsque sa maladie est diagnostiquée, il cesse progressivement son activité d'agriculteur :
« Je suis allé voir une neurologue, spécialisée en médecine nucléaire. Pour elle, le lien entre mon intoxication au Gaucho et ma maladie était
quasi certain.
Mais les enjeux financiers derrière cet insecticide étaient si importants qu'elle ne pensait pas que ce serait possible de faire passer mon cas en maladie professionnelle. »
Convaincu des dégâts causés par les pesticides sur son organisme, Gilbert s'est battu pour que sa maladie soit reconnue comme maladie professionnelle. Il raconte son parcours du combattant :
« Je me suis rendu chez un médecin conseil de la Mutualité sociale agricole (MSA). Nous avons présenté mon dossier à la MSA du Cher qui a refusé de reconnaître ma maladie comme maladie professionnelle. Car si elle reconnaissait un cas, elle aurait ouvert la porte à de nombreuses demandes similaires. Et ça, ça ne les arrange pas.
Même refus du côté du comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles. J'ai donc joué ma dernière carte et je me suis adressé au tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) en faisant marcher mon assurance juridique. Ma maladie a été reconnue en octobre 2005. »