Les journaux Liberté et El-Watan ont ouvert, hier, sur un sujet très préoccupant, tout particulièrement dans notre pays, les unions consanguines.
Ils s'appuyaient sur une étude réalisée par la Forem (Fondation nationale pour la promotion de la santé), à travers 12 wilayas suffisamment représentatives des mœurs régionales, qui met en évidence les graves dangers auxquels s’exposent les mariages de filiation proche. A côté des anomalies congénitales observées dès la naissance, les enquêteurs ont en effet recensé des maladies génétiques beaucoup plus fréquentes dans ce milieu qu’ailleurs. Entre autres, le bec de lièvre, la maladie de Duchenne, les cardiopathies, l’agénésie des membres, la trisomie, les mucoviscidoses, etc., atteignent des proportions extrêmement élevées qui doivent interpeller l’opinion publique et l’Etat pour se saisir du problème à bras le corps.
D’est en ouest, du nord au sud, les statistiques publiées alarment, en effet, à plus d’un titre. Et d’ailleurs, c’est se voiler la face que de ne pas reconnaître, tous ensemble, la survivance abusive de cette déplorable tradition, certes lointaine et suffisamment ancrée dans notre société, avec sa cohorte de conséquences malheureuses et regrettables et que nous avons tous plus ou moins vécue de près.
Certes, comme l’écrit Germaine Tillion, dans son ouvrage « Le harem et les cousins », une telle pratique avait sa raison d’être à une époque où la famille tenait de trop près à sa terre nourricière pour ne pas accepter de la donner en partage à un gendre d’une autre famille, mais les temps sont aujourd’hui différents et les besoins autrement plus compliqués pour ne plus lui donner prise désormais.
En écoutant, il y a quelques semaines, ce pauvre menuisier du bout de la rue, qui me racontait par le menu les graves conséquences résultant de son mariage avec sa cousine germaine (2 enfants décédés, coup sur coup, à l’âge de 4 et 8 moins, un troisième atteint de trisomie et d’autres déficiences regrettables), je n’ai pu personnellement m’empêcher de poser la question : où est l’Etat dans tout cela ? Pourquoi donc rien n’est fait au plan légal pour prévenir des dégâts aussi inacceptables qu’irrémédiables ?