C'était ce matin que les quatre chrétiens poursuivis pour "création illégale de lieu de culte" devaient être entendus par leurs juges, au tribunal de Larba-nath-Irathen, ex Fort-National, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Mais le procès a été reporté à une date ultérieure.
Apparemment, selon TSA, c'est à la demande des avocats de la défense que ce procès a été différé à une date ultérieure mais non encore précisée, suite probablement à l'imminence du Ramadhan musulman qui pourrait donner le feu aux poudres. Car, ne l'oublions pas, l'islam ne tolère pas d'apostasie et ce procès serait susceptible de générer des violences irréparables.
L'on sait, en effet, comment de nombreux extrémistes se sont attaqués effrontément en début d'année à des pratiquants de l'église réformée sur les lieux mêmes de leur culte, à la cité Bekar de Tizi-Ouzou. Ils avaient non seulement incendié le local, avec la bénédiction presque ouverte des autorités de police qui s'étaient abstenues de venir rétablir l'ordre dans l'édifice religieux, mais ils s'en étaient pris aux fidèles eux-mêmes qu'ils voulaient lyncher carrément.
La suite, nous la connaissons aussi, se matérialisait par l'intervention immédiate et musclée des autorités religieuses pressées d'en découdre avec les dirigeants de l'église protestante d'Algérie. Poussant le ridicule à ses limites, le régime de Bouteflika est allé jusqu'à débloquer immédiatement des fonds considérables sur le budget de l'État pour construire des centaines de nouvelles mosquées et recruter des centaines de muftis chargés de les gérer, pendant qu'en Kabylie les gens meurent toujours de faim et accusent le plus fort taux de suicides du pays.
Tout le monde feint simplement d'oublier que si l'islam est la religion de l'État parce que d'aucuns en ont voulu ainsi pour l'inscrire en toutes lettres dans un article de la Constitution, celle-ci permet clairement aussi, dans un autre article, aux Algériens d'exercer librement tout autre culte de leur choix.