Selon le journal Le Monde, du 11 dernier, le dépistage du cancer de la prostate, tel que recommandé par l’Association française d’urologie (AFU), par la prescription d’un dosage régulier de la PSA à tous les hommes de 50 à 75 ans, n’est pas médicalement indiquée, d’après deux spécialistes interrogés à ce sujet.
D’un côté, le professeur Dubois, du CHU d’Amiens vient de dénoncer, dans un article publié dans Canadian Journal of Public, l’absence de toute forme d’évaluation médicale de ce dépistage, en France.
De l’autre, Catherine Hill, de l’Institut Gustave Roussy, écrit dans la "Presse médicale" : "L’inconvénient majeur du dépistage du cancer de la prostate est le surdiagnostic, c’est-à-dire le dépistage de cancers qui ne seraient jamais devenus symptomatiques et dont les traitements entraînent souvent impuissance ou incontinence urinaire. Il faut oser dire que la situation française actuelle est à l’origine d’une véritable épidémie de pseudo-cancers prostatiques aux conséquences désastreuses. En l’état actuel, il n’est pas licite de suivre les recommandations de l’AFU".
Enfin, le professeur Vallancien, cité également par Le Monde, indique que : "La réalité quotidienne est que nous voyons de moins en moins, pour ne pas dire presque plus, de malades souffrant d’emblée de métastases de leur cancer prostatique. Ce sont chez des hommes de la cinquantaine en pleine forme que, grâce au dosage PSA, on découvre l’existence d’un cancer de petit volume pouvant être aisément traité sans complications majeures. Ce sont les malades qui ont raison. Eux comprennent parfaitement le bénéfice d’une détection précoce. Ils le disent et s’indignent le cas échéant de voir que leur médecin ne leur a pas proposé un test biologique plus tôt."
Si, en plus, l’on sait que "La polémique sur le diagnostic précoce du cancer de la prostate n’est pas sans arrière-pensées économiques", comme l’ajoute ce professeur, on est dès lors édifié sur les mobiles réels qui sont à l’origine, bien souvent, de prescriptions thérapeutiques pas toujours nécessaires.