Bouteflika, qui était hier au nombre des quinze représentants d'Etats réunis à Téhéran pour faire le point des rapports commerciaux qui les lient, s'est fendu d'une déclaration peu surprenante à propos de l'OMC.
Pour lui, cette organisation mondiale chargée du commerce exige trop des pays du Tiers-monde pour leur admission en son sein, tandis qu'elle - il vise plus particulièrement les Etats européens qui la composent - montre beaucoup de complaisance à l'égard des autres pays développés qu'elle intègre avec facilité.
Ainsi, selon lui, est-il exigé de l'Algérie, dont les négociations s'éternisent depuis des décennies en butant sur trois questions essentielles :
1) La libéralisation des prix des carburants ;
2) L'ouverture du champ audiovisuel ;
3) La levée des barrières fermant l'importation des services.
L'Algérie se trouve en droit de ne pas partager l'approche de l'OMC sur le premier point, le problème étant directement lié à la politique de subventions pratiquées à grande échelle par le monde avancé au profit de son agriculture. L'Afrique et tous les pays en développement qui ne peuvent se permettre d'en faire autant se trouvent immédiatement pénalisés sur le plan de leurs exportations agricoles. Ces dernières ne peuvent soutenir la concurrence déloyale qui leur est ainsi imposée en parfaite contradiction avec les règles capitalistes du marché. Grands producteurs de gaz, enfin, les Algériens ne peuvent se départir du droit d'en profiter au coût le plus bas.
Le principe est quasiment identique en matière d'importation des services. Le transfert des technologies, au profit du Tiers-monde qui en a un urgent besoin pour se tirer de son sous-développement, restant un simple voeu pieux depuis des lustres, il est tout à fait naturel que les pays pauvres protègent en conséquence les secteurs de services où s'engouffre une main-d'œuvre locale de plus en plus nombreuse et vouée inexorablement au chômage, cause d'ailleurs de leur émigration vers d'autres cieux.
Mais, si Bouteflika a bien raison de ne pas suivre l'OMC sur ces deux points, en revanche, il a bien tort de laisser croire que les peuples, dont le sien en particulier, se laisseront toujours berner par leur mainmise éhontée sur l'audiovisuel qui, comme chacun le sait, n'a d'autre objectif que d'assurer la pérennité à des pouvoirs corrompus et incompétents qui font le lit du sous-développement dans le monde.