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 Faux médicaments – la lutte relève du devoir de chacun

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Ouchen

Ouchen


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Date d'inscription : 01/06/2007

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MessageSujet: Faux médicaments – la lutte relève du devoir de chacun   Faux médicaments – la lutte relève du devoir de chacun EmptyLun 16 Nov - 21:32

Pendant que des ingénieurs, des chercheurs, des savants s’usent leurs neurones pour aller à la découverte de technologies nouvelles susceptibles d’améliorer les conditions de vie de l’homme, des malfrats se mettent en même temps à l’œuvre pour contrecarrer ces louables efforts. Ils ont mis au point des cartels spécialisés dans le trafic des cigarettes, des armes, de la drogue et, maintenant, des faux médicaments. C’est à croire que l’homme, qui a produit des machines à tuer et enfin la bombe, innove toujours pour sa propre destruction.

Fléau récent et de portée considérable, le commerce illicite de faux médicaments, par la menace qu’il sous-tend, prend désormais une dimension majeure qui interpelle la planète entière. Il traverse aussi allègrement les frontières d’un pays pauvre souffrant d’une organisation embryonnaire que celles d’un pays riche dont les douanes, en dépit de leur technologie sophistiquée, réussissent au mieux à contrôler 3 % seulement des importations. Il brasse, dit-on, au minimum 10 % du commerce pharmaceutique mondial, soit environ 50 milliards d’euros par an, répartis à raison de 60 % dans les pays en développement et 40 % dans les pays avancés.

C’est sous le vocable de « contrefaçon de médicaments » que l’on a coutume de désigner ce commerce diabolique mais ô combien juteux pour ses bénéficiaires. En effet, selon l’OMC, la contrefaçon se définit comme étant : « La représentation non autorisée d’une marque enregistrée sur une marchandise analogue ou identique à une marchandise dont la marque est enregistrée, en vue de tromper l’acheteur et de lui faire croire qu’il achète la marchandise originale ». Or, en l’espèce, même si le faux médicament est conditionné sous les mêmes formes que l’original, donc le vrai (copie conforme de la boîte d’emballage, de la notice et même de l’aspect extérieur du produit lui-même), il s’en distingue nettement par son véritable contenu. Ses composants essentiels, appelés principes actifs, n’existent bien souvent qu’en quantité très faible sinon nulle, ce qui exclut donc quelque analogie au médicament authentique et rend ici quasiment impropre l’usage du terme contrefaçon. De toute évidence, pour clore cette digression, si un vêtement et un sac à main, l’un et l’autre contrefaits, ne tuent pas, le faux médicament peut, lui, donner la mort à son consommateur. En règle générale, et conformément à la loi, les bons médicaments sont partout élaborés dans des conditions strictement et scientifiquement contrôlées quant à leur contenu, à leur dosage et à leur préservation de toute activité bactérienne. Par contre, les faux se suffisent de produits douteux, impropres et souvent toxiques, donc dangereux pour les utilisateurs.

A l’inverse des marchandises courantes, mêmes contrefaites, qui suivent toujours des canaux de distribution plus ou moins officiels : vêtements, chaussures, pièces de rechange de véhicules et même d’aéronefs, cosmétiques, parfums, etc., les faux médicaments empruntent d’autres filières plutôt étanches et clandestines ressemblant de près à celles de la drogue, des armes et des cigarettes. Les contacts se font le plus souvent par des démarcheurs ayant prise sur des importateurs, des grossistes ou simplement des pharmaciens. Ces délinquants en blouse blanche sont parfois bien au fait des lois et réglementations en vigueur portant sur les médicaments et leur mise en vente sur le marché. De même que les mafiosi de la pire espèce, ils sont capables d’exercer des violences les plus extrêmes pour accéder au contrôle d’un territoire ou poursuivre leurs activités criminelles.

Plus fréquemment, c’est par Internet qu’ils réussissent à atteindre le plus grand nombre de clients potentiels (« 50 % des ventes illégales sur Internet concernent des médicaments contrefaits », indique l’OMS). Appâtés par le gain facile (par exemple, des marges de 500 $ par dose sont offertes pour un faux médicament contre le sida ou le cancer), de nouveaux distributeurs offrent leurs services pour l’écoulement de ces faux médicaments. Mais aussi, de simples internautes, à l’affut à moindre prix des médicaments dits de confort : pilules contre l’impuissance, le cholestérol ou l’obésité, analgésiques, corticoïdes, etc., succombent aussi à la tentation, sans trop mesurer au préalable les conséquences de leur geste. Affranchis, de plus, de l’obligation de présenter une ordonnance médicale – exigence légale incontournable en pharmacie pour tous les médicaments contrôlés -, ils passent leur commande d’un simple clic d’ordinateur mais ignorent en vérité la valeur médicale du produit qu’ils attendent. D’ailleurs, la réception de ce dernier n’est jamais accompagnée d’une facture ni d’un simple justificatif authentifiant son origine et sa qualité.

Ainsi, par une foison de représentants, disséminés à travers le monde, qui se font fort d’ailleurs de changer constamment de serveurs pour faire perdre leur adresse IP, les réseaux s’installent et vendent leur camelote. Avant toute expédition vers le consommateur, ils prennent néanmoins soin de la soumettre à une série de transferts d’un pays à l’autre pour en effacer toute trace. Ils perçoivent leur argent par les banques en ligne, et ce dans une opacité telle qu’il est toujours difficile de déceler rapidement la domiciliation et moins encore l’identité des bénéficiaires. Dénués, enfin, de tout sens moral et tapis dans des résidences luxueuses insoupçonnables, à l’exemple de cet Américain, Richard Adler, un gros bonnet arrêté sur les Alpes en 2008, les principaux organisateurs de cette contrebande gèrent leurs affaires à la manière de leurs concurrents de la mafia sicilienne ou russe de triste mémoire. Arte, dans une émission produite il y a quelques jours, s’est appesantie notamment sur les déboires subis par un grossiste danois, dont le malheur avait été de percer le secret du faux médicament contre le cancer que lui présentait dans des conditions alléchantes un exportateur de Dubaï. Le malheureux, parce qu’il refusait de se soumettre à la volonté des trafiquants, a été menacé de mort à plusieurs reprises, avant de se retrouver quasiment ruiné et acculé à la faillite, à la suite d’une arnaque conduite par ces bandits, dont l’intrusion dans le circuit pharmaceutique officiel ne faisait plus l’ombre d’un doute.

Pour faire fructifier leur commerce satanique, ces trafiquants multiplient ateliers et usines de fabrication de leurs poisons – car c’est souvent le cas -, principalement en Asie mais aussi en Europe, voire en Afrique et en Amérique latine. L’Inde, pays émergent, qui a gagné ses titres de gloire notamment dans le domaine du médicament où il est devenu l’un des grands producteurs mondiaux, est la source peut-être première des faux médicaments, comme Arte l’a laissé entendre. Notamment à Calcutta, principal centre de production, existe, selon cette chaîne, une quantité impressionnante de laboratoires marginaux qui s’adonnent à la fabrication de nombreux faux médicaments en quantités considérables. Comble de tout, c’est même dans cette vaste mégapole que sont écoulés en premier lieu et au mieux de tels placebos, aux dépens d’une population extrêmement pauvre et privée de soins les plus élémentaires. Et l’on sait aussi que cette même population totalement démunie offre, par ailleurs, à bon marché des cobayes aux laboratoires dits sérieux qui activent réellement dans le domaine de la recherche médicale. En Chine, ensuite, en Thaïlande, au Vietnam, au Laos et dans d’autres pays asiatiques, d’autres laboratoires fabriquant également des faux médicaments sont souvent repérés et même démantelés par les forces de police locale agissant de concert avec Interpol. Entre autres, l’opération de police Storm, menée dans cette zone, du 15 avril au 15 septembre 2008, a d’ailleurs abouti à l’arrestation de 27 trafiquants et à la saisie de 16 millions de comprimes d’une valeur de 6,6 millions de dollars. En Italie mais aussi en France, à Lyon plus précisément, des laboratoires ont subi le même sort dans un passé aussi récent.

Il faut dire que l’usage par les malades de ces faux médicaments (« Dans certaines zones de l’Amérique latine, de l’Asie du Sud-est et de l’Afrique subsaharienne, plus de 30 % des médicaments sont des contrefaçons », note l’OMS dans un rapport du 15.11.06 à Genève), qui sont généralement de nul effet positif sur leurs souffrances, contribue au contraire à aggraver leur état de santé voire à précipiter leur décès. Au demeurant, les ressources ainsi engagées à fonds perdus pour l’achat de ces faux médicaments viennent toujours à manquer à leurs auteurs au moment crucial où leur état de santé déclinant exige impérieusement de véritables médicaments. Par milliers, des malheureux enfants asiatiques et africains atteints notamment de paludisme ont perdu la vie après avoir absorbé de la fausse Metakelfin, observent les enquêteurs d’Arte. D’autres milliers de patients, malades du sida, sont également morts à cause du faux Mabtherra, ne contenant pas même un milligramme de substance active, qu’ils ont ingurgité. Et le constat semblable a été établi sur d’autres malades de la malaria, du cancer, de la tuberculose, etc.

Dans les pays avancés, c’est surtout par les effets néfastes de certains produits illicites consommés, pour soi-disant combattre notamment le cholestérol, l’impuissance, l’obésité et autres maux liés bien souvent à un régime alimentaire trop riche, que les pouvoirs publics, rapidement alertés, se sont sérieusement saisis du problème. Dans un plan commun de lutte, ils s’organisent à l’effet d’enrayer radicalement ce type très nuisible de contrebande. Avec le concours de l’OMS, de l’OMC, d’Interpol et d’associations diverses activant dans ce but, ils se concertent régulièrement et étudient, via tout particulièrement le durcissement dissuasif de la législation en vigueur, les moyens les plus sûrs pour éradiquer totalement le fléau, du moins à l’intérieur de leurs frontières. Ils penchent en même temps vers la mise en place de processus technologiques avancés permettant d’asseoir une meilleure traçabilité des médicaments sortant des laboratoires légaux, de sorte à offrir aux pharmaciens et autres personnels du monde médical la possibilité de repérer sans erreur et facilement les faux médicaments. Le recours en particulier au code barres demeure jusqu’ici l’un des procédés retenus parmi les plus fiables, rapidement utilisables à moindre coût.

Dans le monde sous-développé, où la volonté existe, certes, de réagir dans le même sens, les moyens matériels et humains de dépistage, tels que les laboratoires et le personnel spécialisé, font toujours défaut, ouvrant ainsi la porte à l’expansion de ce trafic ignoble. Dans certains pays très pauvres, où les médicaments se vendent librement dans la rue même par les soins souvent de simples camelots, les contrebandiers du médicament ont assurément la part toujours belle. Ils peuvent à loisir continuer d’inonder les marchés parallèles, sans grand risque de se faire prendre. C’est pourquoi, estime-t-on, que 50 % au moins des médicaments vendus là-bas sont des faux.

Aussi, ne reste-t-il, de part et d’autre, en fin de compte, pour atteindre vraiment l’objectif souhaité par tous qu’à porter la lutte à l’échelle des peuples, en appoint aux efforts de la police, de la douane, du personnel soignant et des laboratoires, fussent-ils très performants ici ou insuffisants et inefficaces là. Cette lutte de tous les instants suppose au premier rang la participation active et continue des populations du nord comme du sud, qu’il faut impérativement éduquer dans ce sens. Le cas troublant de cette jeune fille morte en France, après avoir avalé une fausse médication acquise par Internet pour maigrir, est largement significatif du besoin impératif de vulgariser l’information sur le sujet.

Des campagnes de sensibilisation et d’informations doivent être, par conséquent, entreprises et développées dans les cités et les villages les plus reculés de chaque contrée. En l’occurrence, grâce au goût sucré, signalé par un malade africain, d’un comprimé de Metakelfin, censé être plutôt amer, une enquête de police a pu s’ouvrir et déboucher sur l’arrestation des membres d’un vaste réseau couvrant une partie de l’Afrique et la saisie d’une grande quantité de divers faux médicaments. Il importe, aussi bien dans les écoles, les médias, les lieux de travail que partout ailleurs où les gens se regroupent, de diffuser très largement les mises en garde mettant en évidence le caractère extrêmement dangereux de l’usage de soi-disant médicaments achetés au rabais, donc hors du circuit officiel de distribution, et par conséquent soustraits au moindre contrôle médical. Des spots publicitaires notamment doivent éveiller l’attention des téléspectateurs au besoin de ne s’adresser qu’aux seules pharmacies ouvertes pour leur approvisionnement en médicaments. Ils doivent rester attentifs à la présence de la notice du fabricant ainsi qu’à la conformité de l’emballage avec l’original qu’ils ont coutume d’obtenir, et de signaler enfin toute espèce d’effet secondaire anormalement apparu éventuellement après l’absorption de leurs médicaments. Autrement dit, c’est tout le monde qui est concerné par ce combat qu’il faut engager avec célérité, sérieux et constance. En aucun cas, l’on ne doit baisser les bras contre un fléau, plus grave encore que celui de la drogue, qui menace directement notre propre vie.

Jusqu’ici, enfin, si l’on peut se féliciter que l’Algérie ait créé son propre laboratoire d’analyse et de contrôle des médicaments, assez performant a-t-on appris, pour ne pas craindre d’être submergée à terme par cette calamité, il n’empêche, en tout état de cause, que la plus grande vigilance s’impose d’ores et déjà et qu’il est plus que recommandé de ne pas s’endormir sur ses lauriers.
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