Berbère.TV a commémoré le onzième anniversaire de l'assassinat de Matoub

C'est seulement en France, où un grand hommage lui a été déjà rendu dans un passé récent en débaptisant une rue à son nom, que Matoub a été rappelé au souvenir des masses qui l'avaient adopté et en avaient fait le chantre de la chanson et de la révolte berbères.

Berbère.TV a offert son antenne, dans la soirée d'hier, aux deux principales victimes rescapées de l'attentat au cours duquel le regretté Matoub a été exécuté le 25 juin 1998, sur la route menant de Tizi Ouzou à Taourirt Moussa, son bled d'origine. La veuve et sa soeur ont été interrogées durant près de deux heures pour évoquer les circonstances entourant la mort du célèbre chanteur. Elles ont expliqué comment, au détour d'un virage, la voiture conduite par le défunt s'est retrouvée tout de suite bloquée par des rafales de Kalachnicov qui ont sans doute transpercé le radiateur et d'autres pièces maîtresses pour empêcher le moteur de tourner. Elles se sont particulièrement étendues sur le moment fort des tirs croisés dont elles-mêmes et Matoub ont fait les frais. Si l'on sait que ce dernier, par la rage des assassins, a été tué sous soixante-dix-huit balles de Kalachnicov, arme redoutable s'il en est, Nadia, la veuve, et sa soeur Farida, de la même arme, ont reçu de leur côté trois ou quatre balles chacune, à cause desquelles d'ailleurs elles ont été laissées pour mortes sur les lieux. Au passage, elles n'ont pas manqué d'égratigner les nombreux usagers de la route qui n'avaient pas éprouvé le besoin de s'arrêter pour leur prêter assistance.

La veuve a aussi rappelé les conditions dramatiques qui ont été les siennes, dans son propre foyer, où elle a été, dès sa sortie d'hôpital, considérée comme persona non grata par la belle-mère et la belle-soeur. Avec beaucoup de retenue, particulièrement sur le verbe, la veuve s'est abstenue toutefois d'en donner les détails, considérant que la perte de son époux et la gravité des blessures reçues restent largement suffisantes pour ne pas avoir à se justifier de quelque façon auprès de quiconque. L'on sait que la belle-mère, toute honte bue, avait longtemps propagé des soupçons injustifiés à la fois contre la bru et contre le parti du RCD. De concert avec sa fille, elle accusait ces derniers de complicité avec les terroristes auxquels ils auraient donné des indications précises sur la route empruntée par Matoub le jour de sa mort. La mère comme la fille n'acceptèrent jamais la réalité des blessures reçues par la veuve et sa soeur.

En définitive, le témoignage de la veuve, diffusé dans une heure de grande écoute et à un moment aussi remarquable, aura surtout permis de remettre les pendules à l'heure en restituant la vérité, clôturant ainsi une campagne de dénigrement aussi injustifiée que haineuse principalement alimentée à tort par la mère et la soeur du regretté Matoub.

L'émission, en reprenant par ailleurs certaines interviews accordées par ce dernier, aura grandement contribué à le replacer dans le contexte d'un authentique patriote toujours mû par le seul désir de lutter pour l'instauration d'une véritable démocratie en Algérie et d'une justice véritable en faveur des citoyens gravement lésés de Kabylie.