Mutinerie ou manipulation à Tbilissi

A en croire le régime de Saakachvilli, de Géorgie, des militaires de la base de Moukhrovani, proche de la capitale, ont tenté sans succès, ce matin, de se soulever contre l'autorité de l'Etat. Ils auraient projeté de renverser Saakachvilli, dans une espèce de pronunciamiento.

Cette mutinerie serait, d'après Tbilissi, fomentée par des officiers pro-russes qui agissaient pour les intérêts de Moscou, afin de torpiller les manoeuvres militaires organisées, conjointement avec l'OTAN, dans la région. Ces "rebelles" seraient aussi stipendiés par le gouvernement russe, ajoutent les autorités géorgiennes, qui se félicitent d'avoir stoppé net la mutinerie, sans effusion de sang.

Seulement, il se trouve que c'est aujourd'hui même que l'opposition entendait bloquer les axes routiers se dirigeant vers la capitale pour contraindre Saakachvilli à démissionner.

Quelle part de vérité, y a-t-il donc à prendre en considération dans cette soi-disant mutinerie où un seul coup de feu n'a pas été tiré ? N'est-ce pas plutôt une espèce d'intox à laquelle s'est livré le chef de l'Etat géorgien, rejeté désormais par son peuple, pour tenter de surmonter une menace qui se précise contre lui ?

Etrangement, la presse occidentale n'a pas cru bon de tenter de faire le lien entre les deux opérations, tant elle penche pour la seule version soutenue par le grand ami des Américains, dont la politique a pourtant failli de bout en bout.

Des heurts sanglants ont opposé cet après-midi des policiers à des manifestants réclamant la démission de Saakachvilli.

Ils se sont produits, selon Reuters, aux abords du commissariat central de police de la capitale, Tbilissi. Les manifestants seraient venus exiger la libération de trois militants de l'opposition arrêtés pour avoir brutalisé un journaliste de la radio-télévision publique. Les policiers les ayant cueilli avec des matraques, leurs adversaires ont utilisé, à leur tour, des barres de fer.

Les échanges se sont soldés naturellement par des blessés de part et d'autre. Mais l'on ne connaît pas jusqu'ici leur nombre.

Des dizaines de milliers de manifestants ont occupé de nouveau aujourd'hui la rue à Tblissi, pour exiger la démission de Saakachvilli.

Jeunes et moins jeunes se bousculaient notamment devant le Parlement, exigeant la présence du chef de l'Etat, dit "autoproclamé", pour lui demander de partir. Mais ce dernier à refusé de recevoir les membres de l'opposition, contrairement à l'information ayant circulé au niveau de l'U.E. qui se félicitait à tort de la rencontre.

Les manifestants reprochent tout particulièrement à leur président sa gestion catastrophique de la crise de l'été dernier avec Moscou et l'accusent de dérive autoritaire.

L'on se rappelle que la manifestation de mercredi dernier a été réprimée violemment par les policiers. De nombreux blessés ont même été enregistrés à cette occasion.

De nouvelles manifestations ont été organisées depuis mardi à Tbilissi, pour réclamer le départ du chef de l'Etat Saakachvilli.

Mardi, les protestataires étaient plus de 50000 réunis à l'occasion de la Journée de l'indépendance pour fustiger le pouvoir en place, accusé de dérive totalitaire et d'avoir mal conduit la guerre de l'été dernier contre la Russie. Ils ont bloqué, hier, la gare ferroviaire de la capitale et paralysé le trafic. Ils se proposent même de fermer les autoroutes pour obliger Saakachvilli à s'en aller. Ils s'engagent, enfin, à ne pas céder jusqu'à satisfaction de leur revendication.

Curieusement, la presse occidentale ferme les yeux sur ces manifestations qu'elle n'a même pas couvertes. Déclenchées partout ailleurs dans des proportions nettement moindres, il est sûr qu'elles auraient mises en épingle par cette même presse toujours friande d'événements semblables.