Après avoir annoncé tambour battant qu'une fois réélu, il augmenterait les salaires des travailleurs, Bouteflika claironne qu'il a décidé d'effacer les dettes des agriculteurs. Un pactole de 41 milliards de dinars, constitué par des prêts accordés par les banques au monde agricole part donc en fumée : le trésor public a la charge désormais de rembourser les banques.
Pourtant, s'agissant des salaires, le FMI vient de le rappeler à l'ordre, en lui signifiant qu'il n'est pas question de remettre en cause l'équilibre des finances publiques en touchant à ce point sensible et épineux. Eh bien, qu'à cela ne tienne, Bouteflika va plus loin : il éponge, dit-il, les créances bancaires détenues sur les agriculteurs et les éleveurs.
Une telle approche des questions économiques démontre une fois de plus l'ignorance crasse des tenants du pouvoir en la matière. Ils n'ont ni les rudiments de base leur permettant d'assimiler les mécanismes ô combien compliqués et dangereux de la monnaie et du crédit, ni moins encore la volonté de mesurer l'étendue des répercussions que de telles décisions irréfléchies et irresponsables peuvent générer sur l'ensemble de l'économie, ni enfin les capacités ou les compétences élémentaires nécessaires pour peser valablement leurs décisions.
L'essentiel étant pour tous les gens de la claque de faire passer l'élection du minus à tout prix, peu importe en vérité que le peuple, dans sa large majorité, ait demain à souffrir des bévues aussi guignolesques que lourdes de sens des principaux dirigeants de ce pays à la dérive.
Tant pis, enfin, pour les ménages s'ils auront à payer leur pain au double prix d'aujourd'hui ! D'ailleurs, a-t-on trouvé à redire ces derniers mois où le dinar a dérivé de quelques 40 % sans susciter la moindre protestation de quiconque ?