L'impair de Yasmina Khadra

L'écrivain algérien Mohamed Moulesshoul, alias Yasmina Khadra, s'est fendu d'une critique bien déplacée à l'endroit des institutions françaises chargées, chaque automne, de la distribution des distinctions littéraires. Il est vrai qu'aucune de ses oeuvres n'a été primée à l'occasion du présent automne.

Interrogé par Le Parisien, suite au rejet de ses prétentions à un Prix, Moulasshoul a cru pouvoir l'expliquer en y voyant tantôt une espèce de discrimination de caractère raciste à cause de ses origines algériennes, tantôt un manque injuste de considération pour la qualité de ses écrits. Peu au fait, sans doute, de l'aspect financier généré par le partage des prix littéraires entre les principaux éditeurs qui dominent le marché français, l'écrivain algérien perd de vue l'impact considérable sur le chiffre d'affaires que constitue chaque fois la distinction d'un auteur principalement français.

Aussi, en tentant abusivement de faire valoir ses qualités d'écrivain, qui ne lui ont d'ailleurs jamais été contestées, et de souligner ses origines toutes particulières d'ancien officier d'une armée par ailleurs non exempte de graves égarements, il n'a réussi en fait qu'à entacher son image. D'aucuns ne manquent pas, à ce propos, de lui reprocher son attitude ambiguë à l'égard du régime algérien. Quand il ne s'en réclame pas, disent-ils, il a souvent tendance à le défendre non sans fierté, malgré toutes les tares que ce régime charrie au fil des années. Ne dirige-t-il pas d'ailleurs le Centre culturel algérien de Paris, une institution publique financée par les contribuables algériens ?

Enfin, le manque de modestie ne semble pas être l'une des qualités premières de l'écrivain kenadsi (il est originaire de Kenadsa, une petite localité proche de Béchar), lui qui a déclaré au quotidien La Presse de Montréal : " Je suis l’un des écrivains les plus célèbres au monde. Je suis plus connu que l’Algérie ! (sic). Je suis allé en Italie en visite officielle avec le président algérien : je suis passé à la télé, pas lui ! "

Les récriminations de Moulasshoul restent finalement sans objet. Le Prix France Télévision 2008 vient de lui être attribué pour son roman "Ce que le jour doit à la nuit".

Au 4è tour, par 13 voix contre 12 à Jean-Maris Blas de Roblès pour "La où les tigres sont chez eux", Yasmina Khadra a été désigné pour ce prix. Par une espèce de compensation, Jean-Marie Blas ayant été retenu par ailleurs au Prix Medicis pour le même ouvrage, le jury de France Télévision a fini, du moins avec une voix de plus, par retenir l'écrivain algérien.

Pourtant, aucune comparaison n'était possible entre un simple roman et un ouvrage quasiment scientifique qui a demandé à Blas de Roblès plus de dix années d'études et de recherches.

Le mérite ne venant qu'à ceux qui savent attendre, Moulasshoul aurait dû retenir ce vieil adage toujours d'actualité.