Ghardaïa compte ses morts sous les inondations

Radio Alger vient de revoir à la hausse le chiffre des victimes des inondations à Ghardaïa : 29 morts et 84 blessés. Les pluies qui se sont abattues ces derniers jours dans la région ont causé, dans un premier bilan, 13 morts et un disparu. Mais les chiffres restent encore provisoires, apparemment.

En visite dans la zone sinistrée, le ministre de l'Intérieur, Zerhouni s'est déclaré, en effet, particulièrement inquiet : "Le survol que nous avons effectué nous pousse à dire que le bilan pourrait être malheureusement plus important", a-t-il annoncé. Il a même précisé que : "300 à 600 maisons" ont subi des dommages consécutifs à ces eaux de pluie.

La préservation, pour de simples préoccupations touristiques, de sites comme celui de Ghardaïa, certes singulier, pose, en vérité, des problèmes d'une autre nature. Que peuvent gagner les habitants de Ghardaïa ou de la Casbah d'Alger à maintenir en l'état des constructions archaïques, faites d'argile et de pierres, quand des effondrements sous l'effet des eaux de pluie menacent la vie même de leurs occupants ? Sachant, de plus, que ces maisons ne présentent, tout bien considéré, rien de notable au plan esthétique, rien qui suscite la curiosité, rien qui soit digne d'être relevé comme ouvrage de l'esprit, le mieux ne serait-il pas de tout démolir et de reconstruire à la place des logements décents et dignes du monde d'aujourd'hui ?

Les dernières informations font état d'un chiffre beaucoup plus important de morts. Il avoisinerait les cinquante, compte non tenu encore des nombreux disparus, d'origine subsaharienne, qui se trouvaient illégalement là pour les besoins de la récolte de dattes.

Le chef du gouvernement s'est rendu sur les lieux, accompagné d'une douzaine de ministres, dans le but, officiellement exprimé, d'évaluer les besoins des populations sinistrées et de prendre les mesures nécessaires.

La rencontre avec ces populations aura été houleuse, selon la presse écrite qui a couvert le déplacement. Il aurait été vertement reproché aux représentants du gouvernement d'avoir minimisé les effets de la catastrophe qui s'est abattue dans la région. La gestion aussi maladroite que confuse de la situation qui lui a succédé, en termes de couvertures médicale, alimentaire et sociale, a fait l'objet également de sévères critiques de la part des familles sinistrées. Plus gravement encore, il a été fait état de détournements de vivres et autres dons reçus de l'étranger au profit des sinistrés.

Ouyahia et ses collègues ont essuyé là, semble-t-il, un revers qui éclaire suffisamment sur l'appréciation que fait le peuple de leur visite spectacle, apparemment conçue à seule fin de rehausser le pouvoir chancelant de leur mentor Bouteflika, à l'approche d'un scrutin décisif.