En dépit des règles énoncées et connues de tous les contribuables, les entreprises commerciales et industrielles algériennes continuent d'ignorer leur devoir de déposer leurs bilans sociaux auprès du C.N.R.C. et surtout de les publier. Cet organisme public, qui est chargé de les collecter, vient, cette année encore, de les relancer à cette fin, en agitant la menace légale d'appliquer des sanctions aux défaillantes.
Qu'elles soient privées ou publiques, les sociétés acceptent, certes, que soient connues du fisc seul les chiffres qu'elles brassent annuellement, ainsi que leurs revenus, leurs dettes, etc., mais pas qu'ils soient rendus publics.
Au cours du bras de fer que les journalistes de la presse privée avaient eu, fin 1998, avec le ministre de l'Information, c'était justement le défi de publier leurs comptes qui avait été lancé aux journaux par Hamraoui Chawki. Excepté le journal Liberté qui avait, peu après, indiqué quelques bribes de son bilan de l'exercice antérieur, aucun autre n'avait daigné s'y soumettre.
Il est naturellement du plus haut intérêt pour les investisseurs en particulier de connaître régulièrement l'évolution des affaires du monde industriel et commercial. C'est toute une culture manquante de ce monde qui fait précisément défaut aux Algériens, de sorte qu'ils appréhendent mal ce milieu resté toujours fermé et souvent sclérosé. L'intéressement à la création d'un tissu industriel captant les économies des ménages est justement à ce prix, celui d'une large franchise devant entourer le mouvement des affaires.
Dire, par conséquent, que X est un bon capitaine d'industrie ou qu'il a réussi, au simple vu de ses seuls signes extérieurs de richesse est une grave erreur. Le cas Khalifa, sur lequel même les pouvoirs publics à un très haut niveau se sont fourvoyés, en est la parfaite illustration. Le dernier comptable de la place aurait pu sonner l'alerte si un seul bilan de cette entreprise mafieuse avait pu être mis à sa portée.