La compagnie General Motors serait-elle menacée ?

La banque américaine Merrill Lynch, dont l'on se rappelle les déboires dans le cadre de l'affaire des subprimes, estime que le géant General Motors n'est pas à l'abri d'une faillite possible, si le marché de l'automobile continue de se détériorer. Le constructeur américain a besoin de lever, semble-t-il, quelques 15 milliards de dollars pour consolider son bilan.

Certes, General Motors n'est pas de cet avis, en assurant qu'elle dispose d'assez de liquidités pour faire face éventuellement à ce qu'elle appelle un "retournement" des affaires. "Nous continuons de penser que le groupe a suffisamment de liquidités pour 2008 malgré la baisse des volumes", a assuré une porte-parole de l'entreprise au micro de l'agence Reuters.

Les prévisions de la banque d'investissements décrivent une chute continue du marché de véhicules aux USA : de 16,15 millions d'unités vendues en 2007, l'on ne s'attend qu'à 14,3 millions en 2008 et seulement 14 millions l'an prochain. Une telle détérioration affecte principalement la trésorerie de General Motors, considère Merrill Lynch.

L'on savait le marché automobiles américain menacé depuis l'intrusion, dans les années soixante-dix, des constructeurs japonais avec leurs performances surprenantes tant en matière de qualité de leurs produits que des coûts. A présent, se joignent à la concurrence d'autres fabricants coréens et probablement aussi indiens, qui grignotent des parts de marché de plus en plus importantes. Le phénomène ne tardera pas à se faire sentir également en Europe, où, malgré les concentrations qui se font jour, l'on continuera de se heurter à la sempiternelle question des prix de revient imbattables en Asie.

Selon le journal économique Tribune.fr, l’affaire est désormais on ne peut plus sérieuse. General Motors et d’une façon générale l’ensemble des constructeurs automobiles reçoivent de plein fouet, sous forme d'une baisse substantielle de leurs ventes, les effets de la hausse des prix du pétrole. S’ils les ressentent avec plus ou moins de force selon leur pays d’origine, où le cours de la monnaie joue un grand rôle, aux USA c’est plutôt un ébranlement que ces fabricants subissent. Le dollar est en chute libre, l’économie plonge et le déficit budgétaire se creuse, sous les coups conjugués de la facture pétrolière et des interventions militaires d’Irak et d’Afghanistan.

Du coup, General Motors en est réduit à envisager des licenciements massifs, tout particulièrement dans les milieux de l’encadrement. On le soupçonne aussi de nourrir l’intention de se décharger de certaines marques peu rentables, comme Buick, Saturne et Saab, après avoir annoncé son désir de vendre Hummer, la division spécialisée dans la fabrication des 4X4, gros consommateurs de carburant, et dont l’activité se trouve de plus en plus réduite.

Il est vrai que le recours à l’augmentation du capital n’est pas la solution idoine, maintenant que le cours en bourse des actions de General Motors est tombé au plus bas. L’annonce de la faillite possible de cette société par la banque Merril Lynch a encore amplifié la pression boursière exercée sur ses titres.

Enfin, la montée des prix de l’acier qui doit corrélativement suivre le recul du dollar n’est pas sans influer considérablement sur les déséquilibres financiers qui frappent les fabricants américains en général et General Motors en particulier, d’autant que ce dernier y tient un rôle de premier ordre.

Cette fois, la décision semble être effectivement prise, au sommet de l'Etat, de casser General Motors. Via le secrétariat au Trésor, la cellule de crise d'Obama a instruit la direction de la compagnie à l'effet de se préparer à un dépôt de bilan en douceur, rapporte le New York Times repris par le journal Libération.

Une telle faillite rapide et "chirurgicale" est le scénario prévu pour répondre à l'incapacité éventuelle de l'entreprise de trouver un accord avec ses créanciers, d'ici le 1er juin. Il est attendu à la fois de ce dernier la conversion de 28 milliards d'obligations en actions et du syndicat Workers Union un arrangement sans doute quant aux concessions hypothétiques à obtenir des salariés.

Le cas échéant, General Motors serait divisé en deux sociétés distinctes. La première s'emparerait des actifs sains et la seconde du reste, y compris certaines marques, usines et fonds d'assurances santé du groupe.

Pour maintenir en vie la partie saine, il est prévu de lui allouer une aide de 5 à 7 milliards de dollars. Par contre, l'autre partie devrait tendre progressivement vers sa disparition complète, avec à la clé une ardoise de 70 milliards de dollars à faire supporter au trésor américain.

Jusqu'ici General Motors a perçu 13,4 milliards de dollars sans réussir à se dépêtrer de la grave situation devenue la sienne tout au long de ces derniers mois.

Ses dirigeants craignent beaucoup désormais pour l'image de marque de l'entreprise et s'attendent à une chute vertigineuse de ses ventes.

Le groupe GM a représenté, aujourd'hui, un nouveau plan de sortie de crise très différent de celui de mars dernier, qui avait été rejeté par les autorités financières.

D'ores et déjà, les projections inscrites dans cette nouvelle mouture ont permis au constructeur américain de gagner 10 % de sa cote en bourse, dès leur annonce.

Des mesures drastiques figurent au nombre des actions inscrites à réaliser à court terme. Il est prévu des suppressions d'emplois à hauteur de 7000 à 8000 postes, ce qui doit ramener les effectifs de production de 61000 à 40000 en 2010. Le nombre des usines de production baissera aussi de 47 à 34 en 2010 puis 31 en 2012, avec pour finalité de réduire les coûts fixes de 34 % d'ici à l'année prochaine. GM abandonnera aussi sa marque dite de niche, Pontiac d'ici fin 2010. Il prendra sa décision d'ici décembre prochain à propos du sort des unités Saab, Saturn et Hummer.

Sur un autre plan, le groupe envisage de réduire le nombre de ses concessionnaires de 6246 à 3605 d'ici la fin 2010.

GM prévoit enfin, au plan de sa dette, la conversion de 27 milliards de dollars de dette obligataire en actions ordinaires.

Du succès de ce plan dépendra, bien sûr, une sortie de crise permettant au groupe d'échapper à sa mise en faillite.