Y aura-t-il vraiment une usine de montage automobile en Algérie ?

Le ministre algérien de l'Industrie et de la promotion des investissements, Temmar, a déclaré, aujourd'hui, aux journalistes qu'un industriel algérien, soutenu par l'Etat, était sur le point de contracter avec un constructeur automobile étranger la réalisation d'un projet d'installation dans le pays d'une unité de fabrication automobile. Il s'agit vraisemblablement d'une usine de montage prévoyant à moyen terme un taux d'intégration de 40 %.

Pour les autorités algériennes, très préoccupées par l'emploi induit ainsi que par les économies de devises en découlant, la concrétisation d'un tel partenariat est vivement souhaitée.

Ses besoins augmentant sans cesse, le renouvellement de son vieux parc automobile s'imposant avec urgence, vu les hécatombes enregistrées sans discontinuer dans la circulation routière, l'Algérie se trouve acculée à produire chez elle à tout le moins une partie de ses besoins.

Il reste donc à espérer que les négociations engagées sur ce plan aboutissent vraiment, car nombre de projets formés par le passé ont tous avorté pour des motifs jamais élucidés. Il est vrai aussi qu'alors les constructeurs asiatiques, à l'exclusion des Japonais, n'existaient encore pas ou qu'ils étaient au simple stade d'apprentissage.

Les négociations entre le groupe Renault et les autorités algériennes sur le projet ont achoppé, nous apprend une dépêche de TSA, sur la question des financements. L'industriel français, ayant accepté, conformément à la loi algérienne, de prendre part à hauteur de 49 % du capital de la société à créer, se proposait d'investir 20 millions € seulement, laissant au trésor algérien le soin d'aligner de son côté quelques 130 millions €, et de prévoir en sus des allègements fiscaux, etc.

Alger a rejeté son offre et lui a fait une contre-proposition consistant à prévoir plutôt un partenariat avec la SNVI, où le management lui serait alors imparti.

Renault serait aujourd'hui à l'étude de l'offre algérienne qui table dans ses projections sur la réalisation d'une unité capable d'assembler 50 000 véhicules de la marque Renault, se répartissant parmi les modèles Symbol, Logan et Sandro.

L'objectif permettrait ainsi au constructeur français de consolider la place de leader qu'il occupe déjà sur le marché algérien, où plus de 60 000 véhicules de sa fabrication ont été acquis durant l'exercice 2009.

Carlos Ghosn, président de l'Alliance Renault-Nissan, interrogé en marge du Forum économique mondial sur la région MENA qui se tient à Marrakech depuis hier, a répondu à l'AFP sur la question de l'installation d'une usine de montage en Algérie par ces propos : "La décision définitive (d'installer une usine Renault en Algérie) n'a pas encore été prise, mais on en débat, on en discute toujours".

Dans le même ordre d'idées, s'agissant du projet en voie de concrétisation à Tanger, Ghosn a assuré au contraire que l'usine serait opérationnelle "au plus tard en 2012", et qu'il "s'agit d'un projet d'un milliard d'euros". "Nous voulons atteindre une production de 400.000 voitures à Tanger, dont 80% destinées au marché extérieur, notamment européen", a-t-il ajouté.

On en peut déduire que le groupe Renault n'est tout simplement pas intéressé par l'Algérie, d'autant que, comme le laisse entendre son président, à Tanger on produira 400 000 voitures dont 80 % seront destinées à l'exportation. En d'autres termes, le voisin immédiat, l'Algérie, dont les besoins avoisinent les 200 000 véhicules/an, peut y trouver largement sa part, peut-on en inférer.

Enfin, il faut se rappeler que depuis le temps où l'entreprise française est sollicitée dans ce domaine par la partie algérienne, il n'y a jamais eu d'approche positive et concluante. Par conséquent, Alger aurait davantage intérêt à chercher un autre partenaire.

La montagne aura accouché d'une souris, peut-on dire des longues négociations que l'Algérie et Renault viennent d'avoir à propos du projet de création d'une usine de montage automobile.

D'après la déclaration de Benmeradi faite à l'APS et reprise ce matin par le journal El-Watan, les conditions posées par le constructeur français ont été jugées inaccessibles, notamment sur la question du monopole dont il exige préalablement la mise en place. En d'autres termes, il subordonne son implantation en Algérie à la condition qu'il y dispose d'un monopole en vertu duquel toute importation de véhicules n'étant pas de sa marque sera interdite.

D'un autre côté, l'Algérie a avancé ses propres conditions, à savoir l'implication au plan financier de Renault jointe à une espèce de transfert de technologie permettant l'intégration progressive en vue d'activer une sous-traitance locale au bénéfice des entreprises et du personnel algériens.

Si le journal n'en dit pas davantage sur la position du constructeur sur ces derniers points, il n'en demeure pas moins que l'on doive considérer comme un échec la conclusion de ces négociations, apparemment ouvertes simplement pour la forme, Renault n'ayant pas assorti son installation à Tanger ou ailleurs par une semblable condition somme toute rédhibitoire.

C'est pour sauver sans doute les apparences que les deux parties se proposent de se rencontrer une nouvelle fois en janvier prochain, mais sans espoir vraisemblablement d'aboutir.