Une fillette de 8 ans mariée à un homme de 30

Il faut toujours que les musulmans se singularisent par quelque extravagance.

Aujourd'hui, c'est une petite yéménite de 8 ans, laquelle a réussi par l'on ne sait quel miracle à faire plier la justice pour obtenir le divorce de son mari, qui apporte un nouveau témoignage des révoltantes moeurs au demeurant bien courantes dans le monde islamique.

En l'occurrence, Noyoud, c'est son nom, a demandé le divorce après avoir osé porter plainte contre son propre père, qui l'avait forcée à épouser Faez Ali Thamar, de 22 ans son aîné. Elle se dit révoltée de constater que ni son père, ni sa mère, ni sa tante n'avaient daigné à tout le moins se conformer à la loi prescrivant formellement que le mariage ne peut être consommé pour une fille n'ayant pas atteint l'âge légal requis, soit 18 ans, semble-t-il.

Moins de huit jours après qu'elle eut donné son accord et signé le contrat de mariage, elle s'est trouvée contrainte d'aller vivre chez son mari, a-t-elle dit. «Chaque fois que je voulais jouer dans la cour, il me frappait et m'entraînait dans la chambre à coucher», a-t-elle déclaré, ensuite, avant d'ajouter : «Je n'avais aucune idée de ce qu'était le mariage. Je pleurais tout le temps. Il me faisait des choses désagréables. Je courais de pièce en pièce, mais il arrivait à me rattraper. Ensuite, il faisait ce qu'il voulait.»

Noyoud finit par se sauver de son foyer conjugal et trouver refuge chez un juge qui procède peu après à l'arrestation de son père et de son époux, avant de les traduire devant le tribunal.

Elle obtient alors le divorce contre le gré de son mari et de ses parents qui estiment tous que la malheureuse entache désormais leur réputation.

Noyoud est recueillie depuis par un oncle, au côté de sa propre soeur de 6 ans, et son ambition est de retourner à l'école.

Au Yemen, mais aussi dans de nombreux pays musulmans, ce type de mariage est d'autant plus admis que l'on prête au prophète d'avoir lui-même épousé une fillette de 9 ans.

Grâce à son avocate, Shada Nacer et à une militante des droits des femmes, Eman Mashour, la gamine Noyoud a pu retourner à l'école, après son divorce. C'est dans le quartier de Rwadha, sur la route de l'aéroport de Sanaa, que se trouve l'école où cette petite a été inscrite.

Il lui a fallu là aussi combattre les réticences de son institutrice, gênée apparemment par son éphémère expérience d'épouse. La maîtresse craignait que son élève ne s'ouvre de son passé auprès de ses camarades.

Telle n'était cependant pas l'attitude de la directrice de l'établissement scolaire, qui, elle, mesure la gravité de la situation des fillettes dans le pays. Noyoud n'est pas un exemple rare, en effet. Les filles yéménites se marient bien avant l'âge légal, et seul le physique conditionne bien souvent la conclusion et la consommation du mariage.

L'affaire Noyoud a, enfin, le mérite de poser le problème aux parlementaires, qui doivent incessamment réexaminer l'âge légal pour le mariage. Deux filles, de 10 et 13 ans, ont aussi suivi l'exemple de Noyoud pour demander l'annulation de leur union. Une autre fillette de 8 ans, saoudienne, elle, mariée à son insu à un quinquagénaire, donne au tribunal l'occasion d'étudier son cas en vue du divorce.

Dans cet ordre d'idées, un mufti, au Maroc, a lancé, il y a quelques jours, une espèce de fatwa rendant légal le mariage de la fille, dès 9 ans.

En retenant cette limite minimum, le religieux semble, en effet, se référer à la sunna, qui fait allusion à l'une des unions du prophète, consommée à cet âge. La main de la petite épouse du vénéré prophète avait été demandée dès ses cinq ans, mais le mariage serait intervenu à 9 seulement, semble-t-il. C'est sans doute pour cette même raison que l'illustre penseur, Blaise Pascal, s'est permis d'accoler au célèbre mentor des musulmans le titre peu élogieux de pédophile, associé à divers autres épithètes plus déshonorants encore, il est vrai.

Pour revenir au Maroc, où l'âge légal du mariage de la fille est nettement plus élevé, les autorités se sont contentées jusqu'ici de faire un simple démenti de cette fatwa, estimant qu'elle contrevient à la loi. En même temps, des associations ont également pris position contre cet édit religieux, mais l'on ne sait quel sort lui sera-t-il finalement réservé.