Pendant que des pays, à l'exemple du Bangladesh ou de l'Indonésie, que l'on considérait jadis incapables d'amorcer leur développement à cause de multiples tares handicapant sérieusement leurs efforts, se projettent aujourd'hui sur la scène internationale pour revendiquer des avancées aussi honorables que décisives, des taux de croissance inespérés dans tous les domaines, l'Algérie, elle, marche à reculons.
Passe encore que des sociétés, comme les Chemins de fer, Air Algérie ou Sonelgaz, qui, en dépit de potentialités suffisantes mises à leur disposition dès le lendemain de l'indépendance, traînent encore les pieds, à cause de leur multiplication exponentielle en termes de dimension grandissante des marchés à couvrir, de l'extension de leurs moyens humains et matériels, dans un environnement en constante évolution et parsemé d'obstacles. Mais, que des entreprises, même nouvellement créées, ne sachent pas, dans un pays bouclant bientôt un demi-siècle d'indépendance, comment gérer simplement une seule ressource naturelle qui est l'eau distribuée dans les foyers pose un problème grave non seulement d'incompétence de nos gouvernants mais d'inutilité manifeste de toutes leurs gesticulations, à commencer par la formation dont ils assurent le contrôle et le développement dans les écoles.
Si le pays se révèle incapable d'assurer la distribution de l'eau, de facturer les consommations de ses millions d'utilisateurs, région par région, ville par ville, village par village, comment peut-on espérer, un jour, en finir avec les problèmes du sous-développement, autrement plus profonds et complexes qui, loin de se résoudre, se compliquent de jour en jour, au point d'annihiler les efforts désespérés de tout le peuple ?
L'on a fait appel, il y a quelques années, à la Compagnie des eaux de Marseille pour venir assister la SEEAL, sa consoeur chargée des eaux d'Alger. Et l'engagement pris à l'époque était d'assurer aux Algérois un service de l'eau permanent dans les mois qui suivaient. Or, non seulement les coupures sont restées inchangées, mais rien, à l'horizon, ne semble conforter les utilisateurs dans l'assurance qu'ils ne retourneront pas, dès cet été, aux désagréables privations liées à une relative sécheresse enregistrée ces derniers mois.
A présent, une société espagnole est appelée à son tour, à la rescousse, pour intervenir dans les mêmes conditions à Oran. L'on promet, bien sûr, aux habitants de cette ville qu'ils auront bientôt de l'eau à profusion, mais il est fort à craindre que cela reste un simple voeu pieux, l'alimentation de la seconde ville du pays se posant de façon plus difficile encore que celle de la capitale.
Le fait reste cependant que les Algériens sont bons à rien. Et pour pallier leur insuffisance, des étrangers peuvent encore intervenir tant qu'ils ont assez de pétrodollars pour les rémunérer. Mais demain, que le pétrole cessera de couler, comment les payeront-ils ?