Une nouvelle crise politique aiguë est née, hier à Rome, de la chute du gouvernement de Romano Prodi, au Sénat, par un vote de 161 voix contre 156.
Du coup, les chances de Sylvio Berlusconi de remonter au pouvoir semblent ouvertes, favorisées, il est vrai, par le marasme économique qui a marqué les 20 mois de règne du leader social-démocrate : 1 % seulement de croissance a été enregistré, durant son mandat.
Sachant, en outre, les répercussions négatives que le vieux et insoluble problème dit des ordures a continué de susciter tout récemment encore dans le pays, il y a de toute évidence peu de chance pour le centre gauche de Prodi de retrouver les rênes du pouvoir avant longtemps.
D'ici là, bien sûr, l'ex communiste, Napolitano, le président italien, tentera de mettre en place un gouvernement de transition, de son bord autant que que faire se peut, le temps de préparer et de voter une nouvelle loi électorale mettant fin à l'instabilité qui empoisonne la vie politique italienne.
Prodi, en tout cas, se dit d'ores et déjà peu intéressé à diriger ce gouvernement de transition, et estime impératif de faire modifier la loi en vigueur avant d'aller aux élections. La loi favorise, il est vrai, l'émiettement qui fait tant la force des petits partis pour constituer l'appoint nécessaire des grands et interférer ensuite sur le choix de leurs décisions. Et Prodi qui a fait alliance avec 13 partis de cette espèce en sait quelque chose pour leur avoir fait tant de concessions à la limite du supportable.
La droite ne l'entend pas de cette oreille. Elle, qui entend battre le fer quand il est chaud, veut tirer profit, sans attendre, de l'échec de Prodi pour aller voter avec la loi actuelle que Berlusconi, du temps de son mandat, avait lui-même concoctée avec le souci évident de barrer le chemin du pouvoir à la gauche.
Grâce à cette loi, des partis accèdent, depuis, au Parlement, quand bien même ils n'ont récolté aux élections que moins de 2 % de suffrages. Et cela leur donne en même temps l'accès parfois même au chantage qui n'est guère du goût d'un Prodi.