Une bouffée d'oxygène pour les médecins chômeurs en Algérie

4600 postes de médecins (3400 généralistes et 1200 spécialistes) devront, en principe, être créés au cours de cette année. Le chiffre ne correspond certes pas à celui promis il y a quelques mois, soit 6000, mais il n'est pas non plus peu significatif.

Par cet effort, tant attendu, le ministère de la Santé pourra ainsi tirer enfin d'affaire un grand nombre de jeunes médecins chômeurs, réduits bien souvent à vivre d'expédients qui dévalorisent et leur fonction sociale et le capital d'efforts et de privations requis pour terminer un cycle d'études supérieures aussi long que le leur. Vendre des cigarettes, en effet, ou racoler des clients aux abords des gares routières pour les autobus assurant les grandes lignes ne sont guère des métiers dignes des cadres de cette catégorie.

Ces effectifs, une fois recrutés, seront vraisemblablement répartis à travers les différentes antennes de santé du pays, sinon dans les hôpitaux de l'intérieur qui souffrent cruellement d'un manque de spécialistes que l'on va souvent chercher très loin, hors des frontières, comme à Cuba, par exemple. Ils assureront le service particulier des permanences tant nécessaires pour venir en aide aux citoyens souvent pris de court par une crise, un accident, des souffrances soudaines, etc. Ils redonneront aussi espoir aux populations qui se sentent bien souvent abandonnées faute de trouver du secours dans des centres de santé totalement abandonnés à leur triste destin depuis déjà un certain nombre d'années. C'est enfin la bouffée d'oxygène qui va à la fois profiter à tous ces jeunes médecins chômeurs - qui ont souvent honte de s'en déclarer - et aux services de santé eux-mêmes qui seront mieux à même de s'organiser avec un tel apport non négligeable et qui, il faut l'espérer, sera renforcé vraisemblablement dans le cadre du budget ultérieur.

Selon le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), 700 médecins spécialistes ont quitté en 2006 le secteur public pour aller offrir leurs services à la France et au Canada au nombre respectivement de 500 et 200.

Les conditions déplorables de travail ont poussé ces praticiens, selon le Dr Mohamed Yousfi, président du SNPSSP, à quitter leur pays.

Une visite à l'hôpital Mustapha, l'ex fleuron de la santé publique en Algérie, illustre l'état de déliquescence dans lequel évolue le personnel médical du secteur public. Certains pavillons sont tout simplement à l'état de ruines et dans une saleté répugnante, particulièrement marquée par la présence continue de cafards qui peuplent les chambres.

Quand on observe, de plus, le mépris affiché par le premier responsable du département de la Santé, Amar Tou, vis-à-vis de son personnel et de ses droits les plus élémentaires à une rémunération et à des conditions de travail dignes d'une profession mobilisée en permanence, il n'est pas étonnant que la désaffection continue d'affecter les médecins spécialistes tout particulièrement.

En définitive, les embauches promises aux jeunes médecins se comptant par milliers au chômage ne forment qu'une maigre compensation des départs massifs enregistrés année après année dans le milieu.